Seconde Guerre Mondiale, Français contre Français. 8° Compagnie Brandebourg.  
On connait les méfaits sanglants de la Gestapo, les horreurs commises par la Milice mais peu de gens  connaissent la 8° compagnie de la division Brandebourg qui était composée de quelques étrangers mais en majorité on trouvait des Français lorsqu’elle opéra en France. En fait, on trouvait des  nationaux du pays qu’elle ensanglantait.
Mais qu’était ce que cette division Brandebourg ? C’était le bras  armé des services secrets allemands pour la Wehrmacht : l’Abwehr, commandé par l’amiral Canaris.
       

Leur travail consistait surtout dans l’infiltration de toutes les résistances d’opposition au régime nazi. C’est ainsi que la 8° compagnie fut appelée à intervenir en France en particulier dans le Sud Est après la fin de la zone libre ; elle était formée de gens venant de tous les horizons sociaux mais surtout de mafieux marseillais pour qui la notion de bien ou de mal n’était que des mots dénués de sens et des hommes qui avaient la même pensée que Doriot et son P.P.F, elle était commandée par le capitaine Traeger, affilié à la SS, son Etat-Major comprenait 7 sous-officiers dont un  qui était un ancien de la Légion Etrangère, en tout, elle était constituée de 180 hommes presque tous des Français, l’encadrement étant allemand, on dit même que pour rendre leurs infiltrations plus efficace certains parlaient provençal. A l’origine son PC  était à Marseille puis il fut transféré dans le Gard, à Pont St. Esprit. On les a longtemps confondus avec des Miliciens ou des SS, ils étaient en civil, rarement en uniforme d’où la méprise. La 8° compagnie travaillait en étroite collaboration avec la Sipo-SD de Marseille, la police allemande étant peu présente dans les Basses-Alpes devait s’appuyer sur des éléments français. Cette police avait son centre de commandement à Digne à la villa Marie Louise.
La période la plus sanglante pour les Basses-Alpes fut courte mais très violente, en gros elle alla de Septembre 1943 à Aout 1944.
La  première action qui marqua la mémoire des gens eut lieu à Banon dans la nuit du Samedi 4 au Dimanche  5 Décembre 1943, là 80 hommes portant l’uniforme allemand vont capturer des réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire) réfugiés pour la plupart dans la montagne de Lure, mêlés à des maquisards qui menait la vie dure à l’envahisseur. Certains seront fusillés à Marseille, les autres déportés. L’action va se poursuivre vers Redortiers. Là, le maire, Justin Hugou, est arrêté chez lui, il mourra en déportation.
  

Les habitants sont accusés de ravitailler ces réfractaires au STO, le médecin du village est soupçonné de les soigner. L’historien Jean Garcin précise que trois fermes inhabitées, servant de refuge, furent incendiées
La seconde action d’envergure qui mérite d’être racontée concerne Oraison. Les autres ne mettent en scène que deux ou trois hommes à chaque fois comme un essai d’infiltration à Saint Etienne les Orgues. Donc dans ce village d’Oraison eut lieu l’arrestation de membres influents du CDL (Comité Départemental de Libération) ainsi que son chef pour les Basses Alpes : Louis Martin Bret (16 Juillet 1944). Ils s’étaient réunis pour envisager les différentes options qui s’offrait à eux pour aider au débarquement que l’on sentait proche (débarquement de Provence-15 Aout 1944).
Une quarantaine de membres de la 8° compagnie, en civil, habillés comme des maquisards, vont simuler l’attaque d’un poste allemand, au Nord du village et surtout annoncer sa libération. Les résistants présents là et aux alentours vont sortir de leur cache et être arrêtés. Les gens présents du CDL en réunion dans une pièce situés au dessus du café de France sont tous arrêtés. Louis Martin Bret avec quelques uns de ses compagnons sera exécuté à Signes (Var) deux jours après en compagnie du directeur d’école de Sigonce.
On peut ainsi constater  qu’il n’y eut pas que la Milice et la police allemande à apporter son lot d’horreurs dans les Basses Alpes. Un contingent presque inconnu a sévi dans le département, beaucoup de ses actions sanglantes ont été mises au compte de la Milice.

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