Camps d’internement dans le département :
Tout d’abord définissons ce que fut un camp d’internement : le camp d’internement fut créé par une Troisième République finissante (1er septembre 1939)- (Premier camp en Lozère à Mende) pour se protéger des « indésirables », le régime de Vichy pris la suite et y ajouta dans sa liste « d’importuns » les Juifs et les Tsiganes. Mais revenons en 1939, en premier lieu, on enferma les Républicains espagnols puis tous ceux qui appartenaient à un pays belligérant, Allemands (même antinazis), Autrichiens puis les communistes et les syndicalistes qui furent désarmés mais gardèrent un uniforme. Ces « indésirables », avec leur famille, durent rejoindre des lieux où ils furent employés, par l’Etat, à des taches serviles. Cet endroit de rassemblement fut le village « Les Mées » pour notre département. Il y eut, chez nous, près de 600 déportés. Un autre chiffre est donné par un rapport qui parle de 1045 enfermés.
LES MEES
Ce fut le camp principal du département
Ce camp va ouvrir officiellement, patronné par le régime de Vichy, un jour de janvier 1941, qui en fit le lieu pour enfermer les Juifs du département. Il accueillit 243 personnes dont 50 allaient travailler à Peyruis. Avant, en 1939, il fut, principalement, peuplé par des antinazis allemand et autrichiens. Puis, de nombreux travailleurs furent des Espagnols Républicains, ils constituèrent 80 pour cent des internés. Il fut formé deux groupes de travailleurs, l’un sous la direction des Eaux et Forêt, l’autre s’occupa d’agriculture, fut employé à la mine de Saint Auban et aux mines de Sigonce. L’encadrement fut logé chez l’habitant, il était commandé par le capitaine Horeau qui fut très apprécié des prisonniers. Mais, selon des rapports, la vie y était rude. Novembre 1942 vit une rafle des Juifs. De 1941 à 1944, passèrent au moins 181 Juifs. Les Juifs furent protégés par l’administration italienne durant la période d’occupation. Les effectifs se tarirent, ils passèrent de 500 en 1943 à 177 en juillet 1944, les évasions en furent la plus grande cause.
GREOUX LES BAINS
Il ouvrit en janvier 1942, il était destiné à recevoir à recevoir des combattants Polonais inaptes aux travaux de force. Ils furent 170 au départ. Ils furent logés au Grand Hôtel et à l’Hôtel des Bains. Ils avaient les mêmes droits que les hommes libres sauf qu’ils étaient assignés à résidence, ils pouvaient avoir accès à toutes sortes d’apprentissage. En septembre 1942, ils furent 200, en novembre de cette année là, il passa aux mains des Italiens qui protégeaient les Juifs arrivés dans cette ville par la volonté du préfet des Basses-Alpes. Mais avant, il y eut une rafle, ils furent arrêtés et remis aux allemands, le 26 aout 1942. Les services administratifs furent assurés, dans un premier temps, par la Croix Rouge polonaise puis, avec l’arrivée du régime de Vichy, par le Service Social des Etrangers.
BRAS D’ASSE
Au lieu-dit « la Bégude », en juillet 1940, s’ouvre un centre d’internement pour étrangers. Il compta jusqu’à 455 internés, qui, en octobre 1940, furent transférés pour une partie au Chaffaut, l’autre partie alla au camp d’Oraison. Il ne resta pas ouvert longtemps puisqu’il sera fermé le 22 octobre 1940.
ORAISON
Le village a vu l’ouverture d’un camp d’internement pour Français indésirables (communistes et assimilés) le 31 juillet 1940, sa garde fut confiée à la gendarmerie nationale (gendarmes, gardes mobiles). Il ferma le 7 février 1941. Les internés furent transférés dans le Tarn, d’autres furent envoyés au Chaffaut, au total ils étaient 294. Capacité du camp : 380 hommes.
REILLANNE
Le camp était en fait un « centre d’accueil et d’hébergement des familles et travailleurs étrangers ». Il ouvrit ses portes le 17 novembre 1942, installé dans un ancien couvent cistercien, « le Mas des Prés », qui fut réquisitionné par le Secrétaire d’Etat au travail, avant, en 1939, il avait servi à accueillir des familles de Républicains Espagnols. Il ferma à la Libération. Une plaque commémorative rappelle ces tristes moments.
A son ouverture, le camp accueillit 42 personnes, il s’agissait d’ « étrangers non dangereux, inaptes à tout travail » Juifs du centre de l’Europe, femmes et enfants et en 1943, il en comptait 67, de mai à août de cette année là, il passa à 89 dont 62 Juifs, une grande partie venait des Milles, le 25 février 1944, ils étaient 96 dont 56 Juifs. Le 12 mai 1944, la police allemande arrêta 54 de ces Juifs qui furent déportés à Auschwitz.
FORCALQUIER
Le camp de Forcalquier exista dès le 9 novembre 1939. Il fut placé sous l’autorité du lieutenant Marchand et de ses hommes (le plus célèbre d’entre eux fut le futur éditeur Pierre Seghers) qui surveillaient d’une façon très souple les internés qui avaient une assez grande liberté, parmi eux, on pouvait y voir des artistes d’origine allemande et autrichienne. Les plus jeunes seront transférés au camp de Volx. Il prit place dans l’ancienne prison qui avait été juste, avant, la propriété de l’armée.
----Photo venant du site de la marie de Forcalquier.
Il fut une annexe du camp des Milles, il ouvrit ses portes en recevant 72 internés, des Autrichiens puis des Espagnols qui effectuaient des travaux d’intérêt général, ils recevaient pour ça un très modique salaire. A la libération, l’ancienne prison servira de lieu de détention pour les collaborateurs et les miliciens de la région. Elle sera rachetée pour devenir une école ménagère (la Simonette).
MANOSQUE
Cette ville eut aussi son camp d’internement, en fait ce fut « un centre de rétention » pour les ressortissants étrangers, de pays en guerre contre la France. Il fut installé dans un cinéma : « Femina Variétés »qui avait l’avantage d’avoir une salle tout en longueur. Il enferma dans son sein 124 personnes, il exista de janvier à mai 1940, quelques uns de ces prisonniers allaient à Volx pour s’occuper de la cuisine de leurs gardiens.
VOLX
Bien que des documents d’archives mentionnent ce camp, on ne sait pas où il se trouvait. Il était destiné aux enfants, aux jeunes adolescents, beaucoup venaient du camp de Forcalquier. Entre 1943 et 1944, il y eut en permanence une vingtaine de ces jeunes.
DIGNE les BAINS
Durand la « drôle de guerre », un camp ouvre à Digne pour recevoir une « compagnie spéciale de passage pour militaires potentiellement dangereux pour la défense nationale ». En traduisant ces mots, on trouve des communistes et des syndicalistes de la Provence. Ce camp se trouvait à la caserne Desmichel (aujourd’hui hôtel de ville).
SISTERON
S’installa dans l’ancienne citadelle de la ville « un camp de séjour surveillé ». Il accueillit des internés politiques puis, en 1942, ils furet rejoints par des gens du « milieu » gangsters et autres. Les politiques furent envoyés au camp de Saint Sulpice la Pointe dans l’Albigeois. La vie quotidienne, dans la citadelle devint très dure. En 1944, on comptait encore une centaine de détenus, gardés par les allemands.
LE CHAFFAUT
Village près de Digne. Il abrita un camp de « séjour surveillé pour Français indésirables », camp qui prit naissance durant l’été 1940. Il était peuplé par des « politiques » et des « droits communs ». 230 personnes y furent transférées, presque toutes venaient du camp de Digne et étaient contraintes au travail dans la région même jusqu’à Forcalquier où un certain nombre y furent logées (30). Il fermera en avril 1941.
PONTIS
Un camp fut installé dans un de ses hameaux : « Fontbelle ». Il était réservé à des hommes que la Troisième République jugeait dangereux. Le régime de Vichy les transféra au centre de séjour de Fort Barraux (Isère).
BARCELONNETTE
La ville vit s’établir un camp pour la 89 ième compagnie de travailleurs étrangers, voulue par le gouvernement Daladier. Le village reçut 151 personne.
CHAUDANNE
Appartient à la commune de Castillon qui elle-même est une commune de Castellane depuis 1948.
Ce village eut son camp d’internement destiné à des civils indésirables français.
CHABRIERES
Hameau de Entrages, eut un camp d’internement dépendant des Mées. Il commença de fonctionner le 14 mars 1940. C’était un groupement de travailleurs étrangers qui furent au service des Eaux et Forêts. En septembre 1941, 28 Juifs y furent envoyés. Devant une discipline jugée trop laxiste, le camp fut fermé, une partie de ses prisonniers fut envoyée à la citadelle de Sisteron, une autre en Haute Vienne, à Nexon et le reste en Isère, à Fort Barraux où ils rejoignirent ceux de hameau de Fontbelle, village de Pontis.
bibliographie : Camps d’internement et déportations des juifs dans les Basses-Alpes, de la guerre aux occupations italienne et allemande (1939-1944) par Jacqueline Ribot-Sarfati