La citadelle de Forcalquier :

A l'origine, avant la conquête romaine qui amena la paix et fit descendre l'habitat dans les plaines, cette hauteur servit d' oppidum aux Sogiontes, peuple celto-ligure de Sisteron, alliés ou vassaux des Voconces .

Sur l'emplacement de l'ancien château des comtes de Forcalquier dont il reste quelques vestiges (sa base au midi de la colline) s'élève maintenant une chapelle de style néo-byzantin qui fut dédiée à la Vierge comme son nom le rappelle : « Notre Dame de Provence » et en 1939, son nom devint : « Notre Dame de la Paix  » pour revenir par la suite à son nom originel.

Elle est de forme octogonale, ornée à l'extérieur, sur le toit, de statues d'anges faisant de la musique, des Saints provençaux décorent le tympan, son intérieur montre la Vierge qui place ses mains au dessus des armes de la Provence et surtout de Forcalquier que lui présentent des angelots, elle fut voulue et bâtie par le chanoine Terrasson. Il fut curé de Forcalquier de 1844 à 1879. La première pierre fut posée en 1868 et elle fut consacrée le 12 septembre 1875. Pour construire sa chapelle, le chanoine dut faire appel à Napoléon III ou tout du moins à son ministre de l'intérieur car le terrain destiné à la construction était propriété de la mairie qui ne voulait pas le céder. Cette inauguration donna lieu à des fêtes qui durèrent 3 jours. A cette occasion des prix furent attribués, un en particulier pour un cantique à la Vierge conçu par Malachie Frizet ( Prouvencau e catauli ) qui aura par la suite un grand succès.

Refrain :

Prouvençau e Catouli
Nosto fe (bis) a pas fali

Canten touti trefouli
Prouvençau e Catouli

Provençaux et catholiques
notre foi (bis) n'a pas faiblie
Chantons avec allégresse
Provençaux et catholiques

On vit se déplacer Mistral, Aubanel, Roumanille et l'archevêque d'Aix qui assistèrent à une séance théâtrale jouée par des comédiens amateurs « Lei Morou » (Les Maures), pièce en langue d'oc, spécialement écrite pour ce jour par le félibre Gaut.

De son sommet, on a une très belle vue sur le pays de Forcalquier, d'ailleurs une table d'orientation, offerte par le Touring Club de France, est là pour renseigner le visiteur sur la géographie qu'il découvre.

Cet édifice religieux fut érigé sur un terrain presque nu qui vit la présence du château comtal détruit à la fin du XVI° s. sur l'ordre de Henri IV mais il resta sa chapelle, dédiée à saint Martin, qui eut un officiant jusqu'au XVIII° s., elle fut rasée en 1855, elle tombait en ruines. Mais cette esplanade garda une présence religieuse car en 1856 une autre chapelle fut érigée sur un vieux cabanon.

Tout au tour de cette colline qui vit la réalisation d'un édifice cher au cœur du chanoine Terrasson, Gonzague de Rey, à la fin du XIX° s. planta des cèdres apportés du Liban. En montant vers lui, on voit une tour carrée qu'a faite construire l'évêque Bermond d'Anduze ayant certainement fait partie d'une petite forteresse épiscopale dans laquelle ce religieux pouvait venir se réfugier en cas de trouble et qui était proche de la cathédrale Saint Mary, d'autres historiens déclarent qu'il s'agit d'une tour de l'ancien château qui était plaçée à son entrée  ;

car effectivement, on en découvre quelques restes architecturaux en regardant vers le bas quand on tourne le dos à l'arrière de la chapelle Notre Dame de Provence. Presque directement sous elle, en sortant de l'esplanade et en prenant à gauche on peut se reposer ou prier sur des bancs qui font face à une grotte qui est en fait une ancienne citerne et qui accueille une vierge, on pourrait se croire dans un Lourdes miniature.

Un chemin de croix couronne la colline, il se termine sur l'esplanade et là on aperçoit une autre construction presqu'en face de la porte d'entrée de la chapelle qui n'est autre qu'un carillon que l'on joue à « coup de poing », chose courante dans le nord mais exceptionnelle chez nous : le carillonneur frappe de son poing fermé une espèce de latte de bois reliée directement au battant de la cloche et ainsi produit une note. A sa création, en 1925, on voyait sur sa façade des sculptures qui rappelaient que le pape Urbain II s'arrêta à Forcalquier sur la route le ramenant à Rome après avoir prêché la première croisade à Clermont-Ferrand.

 

   

Après avoir été remanié en 1939, de 20 cloches, il dut se contenter de 15, celles qui résonne aujourd'hui pour la plus grande joie de ceux qui passent ou demeurent à Forcalquier chaque dimanche à 11 h.30 et pour les grandes fêtes tant religieuses que civiles.

En face d'elle, se voit une autre butte qui est géologiquement parlant un plateau : «  la Bombardière  ». Elle tient ce nom de l'installation de bombardes par le napolitain Giacomo Galeoti au service du roi Louis XI qui n'arrivait pas à soumettre la ville de Forcalquier à son autorité. En effet tout le comté de Provence lui avait été transmis par testament par le roi René que l'on a appelé par la suite et l'on se demande pourquoi le bon Roy René. Après 3 semaines de siège et un bombardement incessant, la ville se rendit.

En contrebas, à l'est, a été retrouvée une statue figurant une tête humaine plus grosse que nature qui, selon G. Barruol (écrit dans un article pour "Alpes de Lulières"), pourrait provenir d'un monument funéraire datant du Haut Empire Romain.

A lire : « Forcalquier », Jean Yves Royer, 1986. Ouvrage indispensable .

- « Alpes de Haute Provence », encyclopédie du voyage, Gallimard, 2004.

Jean-Paul Audibert

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