Co-cathédrale : Concathédrale
Aucune définition de ces mots ne peut se trouver dans un dictionnaire. Une explication de ces termes se trouve sur internet, on peut y lire : c’est une cathédrale qui n’abrite pas l’évêque du territoire ou un édifice religieux élevé au rang de cathédrale. Le mot de concathédralité n’apparait pour la première fois qu’au XV°s (Noël Didier = Les églises de Sisteron et de Forcalquier du XI°s à la Révolution. Le problème de la concathédralité. 1954.)    
                                       
L’origine de cette situation pour le moins singulière fut l’élection de Géraud Chabrier au siège épiscopal de Sisteron. Il y fut évêque de 1060 à 1074 et d’après ce que l’on croit savoir, il décéda entre 1074 et 1082. Les réformes du clergé qu’il entreprit (ce fut un artisan des réformes grégoriennes) furent, entre autres, garanties par le comte de Forcalquier, Guillaume Bertrand, ou plutôt par son épouse, Alix. Sa désignation comme pasteur d’une partie des brebis de Haute Provence fut prononcée en 1060 au concile régional d’Avignon et son élection montre la volonté des autorités religieuses de réformer le clergé de ce diocèse. A cette époque, Sisteron avait comme coseigneur Raimbaud de Nice qui avait acheté (à qui ?) la charge d’évêque pour son fils, Pierre, qui était encore dans l’enfance.
A la nouvelle de la consécration d’un évêque pour Sisteron, le chapitre de la cathédrale de la ville ne voulut pas le reconnaitre, encore moins qu’il foule la terre de la cité. Le choix du concile d’Avignon privait cette auguste assemblée de son droit d’élection ou peut-être tout simplement le choix d’un personnage réformateur gênait beaucoup de gens surtout ceux dans l’entourage du futur évêque. Pour résumer la situation, Géraud Chabrier ne put prendre possession de son évêché et alla se réfugier à Forcalquier, seule ville qui voulut bien le recevoir. Pour être reconnu, il alla porter ses doléances à Rome d’où le pape Nicolas II donna l’ordre à la ville de Sisteron de se soumettre à l’autorité de l’Eglise. Jusqu’alors, le terroir de cette ville et elle-même avaient été administrés par des laïcs, maintenant l’évêque était le suzerain de ses seigneurs, cela dut se passer vers 1070. En 1066, pour remercier Forcalquier de son accueil, Géraud mit la ville sur un pied d’égalité religieuse avec celle de Sisteron. C’est ainsi que le petit chapitre de la collégiale de Saint Mary devint l’égal du chapitre de Saint Thyrse de Sisteron (dite aussi Notre Dame des Pommiers, le terme vient du latin pomerium). Le choix de la ville de Forcalquier, en plus de l’accueil réservé à Géraud, venait certainement da sa position centrale dans le diocèse alors que Sisteron était à la périphérie.
---- Saint Thyrse  ---- Saint Mary.

                                                   Les successeurs de Géraud Chabrier s’installèrent à Forcalquier et vécurent au milieu du chapitre de la collégiale Saint Mary puis ils allèrent habiter Lurs et en firent leur résidence d’été. En 1065, le légat du pape, Hugues Blanc, confirma cette église Saint Mary en tant que cathédrale avec 16 chanoines. En 1249, un évêque de Sisteron, Henri de Suse, confirma la situation et décida des prérogatives de chaque chapitre pour élire quelqu’un à la tête de ce curieux évêché. En effet, l’évêque devait être élu par les deux chapitres assemblés ; ce n’est qu’en 1277, après de longues disputes, qu’une élection fut faite suivant ce qui avait été décidé.
C’est tardivement qu’apparut le terme de concathédrale puisqu’il date du XV°s comme il est dit plus haut.

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