Jean Antoine Constantin : Peintre d'Aix en Provence et de Digne (1756-1844)

C'est à Aix en Provence que J.A. Constantin connaît la plénitude de sa vie familiale et artistique. En 1786, il y est nommé directeur de l'Ecole de dessin et en 1788, il épouse une aixoise : Louise Michel. Ayant vécu jusqu'à 88 ans, il dessina longuement, passionnément son terroir et ses amis ou élèves (Forbin, Granet) aidèrent ce professeur de province soumis à des conditions financières précaires. On parle d'ailleurs de Constantin d'Aix.

Pourtant, il fut aussi professeur de l'école de dessin de Digne ce qui nous permet d'avoir de magnifiques dessins des Basses-Alpes sous l'Empire.

Ce sont les suites de la Révolution de 1789 (et sa crise économique) qui feront fermer l'Ecole de Dessin d'Aix. J.A. Constantin se verra alors proposer un poste à Digne en 1798, occasion qu'il a su saisir. Il sera professeur de dessin, notamment à l'école communale. Le maire de Digne, M. Duchaffaut, relate qu'il a emporté les regrets de tous les habitants lorsqu'il retourne à Aix en 1807.

A Digne comme à Aix, J.A. Constantin va le plus souvent exprimer son art par une technique simple : le lavis d'encre de chine ou le lavis de sépia.

--- Etude d'expression de tête d'après l'antique. Lavis d'encre sépia.

Il traduit alors tout le paysage bas-alpin et se sert du lavis pour jouer de la lumière sur les arbres, les rochers, les rivières, les solitudes ; tous ses thèmes favoris. Mais cette technique monochrome, il va surtout l'utiliser ailleurs que dans les ateliers : il va dessiner sur le motif voulant ressentir directement les émotions de la nature. A la croisée des siècles, il sera ainsi un précurseur et ses paysages d'air libre inspireront Granet qu'admirera Cézanne.

C'est au contact des paysages dignois que la maturité artistique du peintre provençal va s'affirmer. Selon son premier biographe, Adolphe Meyer « Les plus énergique travaux de sa main appartiennent à cette époque. Il se prend corps à corps avec ces rudes sites du versant occidental des Alpes et les reproduit avec leur fruste beauté. » Autrement dit, il se dégage de l'influence d'école de Nicolas Poussin ou de Joseph Vernet et d'un sentiment de la nature académique ou pittoresque pour parvenir à une émotion de contact résultant d'une observation solide de son environnement.

C'est là l'essence même de la Haute Provence. Loin de tout éclat, elle se révèle dans son austérité que par la fréquentation silencieuse, la patience et l'éveil de tous les sens. Ainsi face à l'essentiel, de simples dessins de grisaille d'une nature rustique font de J.A Constantin un maillon essentiel de l'art provençal.

 

 

 

Robert Sausse

 

 

 

Repères bibliographiques  :

« Jean Antoine Constantin » d'Adolphe Meyer, 1860.

Revue « le feu » consacrée à J.A. Constantin, n°, Avril 1930.

Biographie d'Elisabeth Vidal-Naquet in Catalogue du Musée des Beaux-arts de Marseille, 1986.

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