Dauphin :

Personne ne sait pourquoi le village reçut ce nom. L'abbé Féraut dit seulement qu'au XI° s., on trouve trace de lui sous le nom de Castrum de Dalphino . Effectivement avant qu'il n'y ait un bourg sur la hauteur, il y avait un château comme on en faisait au Haut Moyen Age, c'est-à-dire une palissade en bois avec un donjon de pierre. Et c'est plus tard que l'habitat se déplaça vers les hauteurs, aux pieds d'un castrum déjà existant mais le site était occupé de longue date puisqu'au XIX° s. des découvertes archéologiques démontrent qu'il était utilisé à l'âge de bronze pour en faire un lieu de vie. Il est situé près des derniers versants du Luberon, au sud de Forcalquier, près de Mane et au nord se voit le village de St. Maime « si proche qu'un seul tambourin suffisait à faire danser les deux villages ».

--- Dauphin vu de St. Maime.

Pour continuer de faire un parallèle avec St. Maime, il faut consulter ce que j'ai écrit sur ce village, beaucoup d'informations données sont valables pour cette commune.

La base des murailles qui l'entourent date du XIV° s. et sont les plus anciens vestiges que l'on puisse encore voir. De son château médiéval, il ne subsiste qu'une tour tronquée qui sert de piédestal à la statue de Notre Dame (les restes du château sont étroitement imbriqués dans l'église) ; dessous on peut admirer (le terme est encore trop faible pour en désigner la beauté) un passage voûté qui conserve des traces de son premier emploi, c'est-à-dire porte du château (porte de Porcheriou). La place où se trouve, de nos jours, la mairie est l'endroit où se trouvait le logis du castel qui fut détruit au XVIII° s.

Il possède une église, qui, en l'état, daterait des XV° s. et XVI° s., dédiée à St. Martin avec le toit de son clocher en tuiles vertes ; avant de devenir église paroissiale, elle fut l'ancienne chapelle du château qui daterait du XII° s et au XV ème siècle le seigneur du lieu permit aux villageois de venir en ces lieux, elle fut de tout temps emmêlée à lui. Son orgue est unique en Provence, il est décoré par des peintures et à une forme particulière, il est à mi chemin de l'orgue de barbarie et de l'orgue d'église, il vient d'Italie et a été apporté ici en trois parties. Juste à coté de lui, on peut voir une petite ouverture par laquelle le chatelain, curieux, pouvait regarder et espionner les paroissiens du village.

Cette église est dotée de voûtes remarquables en croisés d'ogive formant rosace, il n'y en aurait que deux en France. Alors qu'elle n'était que chapelle du chateau, elle ne se composait que de sa partie romane reposant sur 6 piliers, les bas-cotés n'existaient pas, non plus que la partie gothique où l'on voit au plafond cette rosace dont il vient d'être question. Une autre église, aujourd'hui disparue, existait à la place du cimetière, elle se nommait Notre Dame de Chamberley, elle apparait dans un texte en 1029.

Pour Noël, on voit une crèche datant de 1748 formée de 20 santons, leurs visages est fait de papier maché. C'est certainement une des plus vieille de la Haute Provence. Ces santons étaient confiés à des familles du village et, au moment des fêtes, elles les habillaient. Certains ont encore leurs vêtements d'origine (XVIII° s.) soigneusement entretenus. Ils sont à notre époque classés aux monuments historiques.

--- Sous sa voûte, se trouve la salle des gardes.

On dénombrait 6 moulins à eaux au XIX ème siècle dans ses environs. Le dernier meunier a arrété son activité en 1920, son moulin a disparu en 1934, il servait, alors, à la fabrication du plâtre.

Ce village, qui se vit rebaptiser « Mont Roc » à la Révolution , a reçu le titre de « village de caractère ». Titre amplement mérité car c'est certainement un des plus beaux de la Haute Provence  ; il a un charme médiéval donné par ses maisons qui bordent des rues caladées.

Jean-Paul Audibert

 

 

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