Tiré de : « Description des principaux lieux de France » par J. A. Dulaure. Tome I, 1789.

L'orthographe a été modernisée.

MANOSQUE.

  Petite ville avec deux paroisses et une commanderie de Malte, située dans une vallée charmante, à trois lieues de Forcalquier, à sept et demie d'Aix, et à une demi-lieue de la rive droite des bords de la Durance.

L'ancienneté de cette ville ne remonte pas au delà du neuvième siècle. Les Comtes de Forcalquier y firent bâtir un château qu'ils habitaient pendant l'hiver, et qu'ils donnèrent, en 1200 aux hospitaliers de Saint -Jean de Jérusalem, avec le domaine temporel du lieu.

curiosités , Dans la chapelle du château on voit le buste de Gérard I, f ondateur de Malte, il est sculpté par Puget  ; cet ouvrage justement admiré est regardé comme une des belles productions de ce célèbre artiste. Le corps de ce vénérable fondateur est déposé dans cette chapelle ; il fut transféré de Rhodes à Malte ensuite de ce dernier lieu à la commanderie de Manosque : il était né en Provence, et lieu de Martigues.

anecdote . Lorsque François I er passa, 1516, dans Manosque, il logea chez un par­ticulier dont la fille lui avait présenté les clefs de la ville. Cette fille était jeune, fort belle, et encore plus sage, comme on va le voir. Le Roi, qui, à l'exemple des héros de son temps , prenait les jeunes filles qui lui plaisait, comme on prend une forteresse, n'ayant pu voir sans émotion la jeune et belle hôtesse ,lui fit part, fans façon, de ses désirs, et du remède qu'il désirait y apporter. La jeune personne, afin d'échapper à l'amour impérieux du monar­que, eut le courage de faire exhaler sur son visage de la fumée de soufre qui détruisit sa beauté, et la rendit méconnaissable.

Frappé d'un trait aussi rare de vertu et de force, le Roi, pour dédommager cette jeune fille et lui laisser un témoignage de son estime, lui assura une somme considérable pour sa dot.

minéralogie des environs. On a ou­vert à Manosque plusieurs mines de charbon de terre. Le minéral qu'on en tire se décompose facilement à l'air, et laisse voir des cristaux de sulfate de fer, d'alumine, et de chaux ; il répand une odeur de soufre très marquée. Le soufre n'est point rare dans les montagnes du Luberon, on le trouve même cristallisé dans les rochers voisins de Manosque, où l'on rencontre des sources sulfureuses qui étaient fameuses autrefois pour guérie les obstructions ; elles noircirent l'argent, et ne changent pas de couleur par le mélange de la noix de galle.

Il y a dans Manosque des puits dont l'eau n'a rien de désagréable, quand on la boit froide : elle devient amère en bouillant. Dans les environs de cette ville, on trouve un banc de coquillages qui a plus de trois lieues de large.

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Nimérisé par J. P. Audibert