Le Geai: l'oiseau qui plantait des arbres
Le nom complet du Geai est : GEAI des CHÊNES. Cette indication est précieuse : elle situe immédiatement ce bel oiseau dans son milieu. C'est en effet un habitant des zones boisées, le plus souvent de feuillus et en particulier des forêts de chênes. Cet oiseau forestier sédentaire est timide et farouche.
Il quitte, donc, peu ses forêts mais fait la navette entre ses différents territoires où il se déplacera facilement entre les branches d'arbres grâce à ses ailes arrondis. On peut donc facilement l'observer en vol dans toutes les régions boisées de Haute Provence ; à cet égard, les chênaies de Forcalquier à Banon sont des plus attrayantes. Son vol est direct mais irrégulier avec des battements papillonnants. Mais c'est surtout son plumage contrasté qui le fait remarquer aisément. Certaines plumes de ses ailes sont tachetées de bleue clair, de noir et de blanc, déployées, elles révèlent toute leur beauté. Mais le geai réserve d'autres surprises. Etant farouche, il guette ce qui se passe ; son cri d'alerte est comme une clameur rauque et sonore.
Cependant, au printemps, à l'époque de la formation des couples, sa voix va changer : elle sera plus mélodieuse vis-à-vis de la femelle. De toutes façons, il a un don : vivant en forêt, il en connaît tous les bruits et peut reproduire le chant d'autres oiseaux !
Protégé par ses forêts de chênes, il va leur rendre la politesse de la plus belle des manières et cela grâce à son régime alimentaire. S'il se nourrit de fruits, de baies ou encore de noisettes, il apprécie avant tout les glands.
Ils sont d'abord stockés dans son tube digestif puis régurgités pour être décortiqués et mangés. Mais notre corvidé est prévoyant : il se crée des réserves et cache son surplus dans des arbres ou dans le sol où il les enterre. Dans bien des cas, certaines réserves dissimulées seront oubliées ou dispersées. De ces réserves de provision, de ces glands entassés naîtront des chênes, la forêt sera régénérée.
En 1947, Elzéard Bouffier, l'homme qui plantait des arbres, est mort paisiblement à l'hospice de BANON.Le geai poursuit-il sa voie ?
A mon père
Robert Sausse
Jean Giono : L'homme qui plantait des arbres. Reader's Digest, 1953.