GIONO  et  VENISE : UN AMOUR SECRET ?

1-Le Choix de l'Italie

Je ne suis pas voyageur, c'est un fait.
C'est par cette affirmation que J.Giono débute Voyage en Italie. La raison  se trouve dans sa jeunesse : à 15 ans, poussé par la nécessité d'aider la vieillesse de ses parents, il entre en banque pour y faire carrière.
L'importance de ce travail-nourricier le fait s'enraciner dans sa position. Il l'écrit d'emblée  " c'est la peur qui m'a enlevé l'envie du voyage ".
Même une simple promenade le dimanche dans la colline le pousse, au retour, à " s'assurer que l'immeuble de la banque n'a pas disparu ".
Pourtant, il pense que le temps est venu d'un voyage en Italie. Il va se faire en 1952, en 4CV décapotable, avec Elise et ses amis Antoine et Germaine !
C'est que  son succès littéraire (le petit employé de bureau s'est métamorphosé en immense écrivain après la publication à 34ans de son premier roman) lui fait retrouver une sécurité matérielle qui pousse le " voyageur immobile" à partir pour de bon. Il précise : "Et ne semble-t-il pas que je pars pour le Tibet ?"
Bien sûr, il ne peut pas aborder la péninsule par la mer et la Cote d'Azur devenue la vulgaire rôtissoire de l'Europe. C'est par la montagne et donc le passage de Montgenèvre qu'il choisit de partir.
Nous allons suivre son trajet, qui après Turin, le mènera à Milan, Brescia, Peschiera, Vérone, Vicenze, Venise, Padoue, Ferrare, Bologne,Florence.
Pourquoi avoir choisi l'Italie ?
Plusieurs inclinations l'y incitent qu'il nous présente immédiatement :
---connaitre ¨de visu¨ le terroir de ses origines familiales, notamment de son fameux grand-père qui " l'intéresse depuis longtemps". Carbonaro condamné à mort par contumace, forban révolutionnaire, il constitue un imaginaire mêlé de réalité et alimenté par son propre père qui joue le rôle de conteur " déroulant un énorme roman parlé, allongé chaque soir d'épisodes pleins de détails romanesques".
Pour autant, il ne s'agit pas d'une enquête ou d'un pèlerinage familial ou pédagogique. Il ne scrute pas les petits villages montagnards du Piémont, berceau de sa famille, mais se rend directement à Turin (avant de s'attarder à Venise).
Soyons déjà très clair : l'ouvrage de Giono n'est en aucun cas un guide touristique. Il l'écrit "Je ne suis pas un touriste. Je ne veux faire le récit que de sentiments".
On en attendait pas moins et il va nous délivrer un récit original, une suite de vagabondages remplis de sensations et d'impressions.
---suivre ses penchants littéraires. Il lit et relis Machiavel depuis longtemps et pour son éditeur il part d'ailleurs rechercher des lettres de Machiavel dans des bibliothèques italiennes...
Ce plaisir de lecture lui fait appréhender auteurs et paysages de la botte.
Mais, ne connaissant pas l'Italie il voit ce pays avec des yeux cérébraux, littéraires, avec les "yeux de la foi".
Maintenant, ce déplacement va lui permettre de les appréhender avec "les yeux de la tête"
---poursuivre son travail de création qui n'est jamais absent.
A la fin du Hussard sur le toit Angelo Pardi est parti à cheval vers l'Italie : nous pourrons suivre ses aventures dans  Le bonheur fou où le héros traversera la guerre de 1848.
Et ici, en Italie, dans les rues de Turin, Giono anticipe la venue de son héros : " C'est dans des rues semblables qu'Angelo arrive sur son aimable cheval acheté à Théus, après avoir traversé le choléra en France. Il passe sous ses arcades. Il est enfin chez lui."
Voila un processus de création qui pourrait figurer dans Noé.
Pierre Citron note avec acuité une continuité d'esprit entre l'allégresse de la page finale du Hussard sur le toit  et celle de Voyage en Italie. Mais la composition de Voyage en Italie va nous éclairer sue les affinités gioniennes. Alors que les diverses villes rencontrées ne suscitent qu'une dizaine de pages (un peu plus pour Florence), une seule ville a droit à un développement de 60 pages : VENISE.

2-Nulle part ailleurs qu'à Venise

Au départ de Manosque Giono n'éprouvait pas d'attirance pour Venise : trop de poncifs, d'images toutes faites, de passages obligés l'en détournaient.
Et pourtant, il s'y rend et y arrive, comme souvent dans ses étapes à la nuit tombée. Relevons déjà son premier aveu : "Ce que je vois me plait : ce sont des sables et des marais".
Cet environnement lagunaire, comme La Camargue, offre un mélange d'eau, de sable, de couleurs et de senteurs plein de transmutations physiques qui traduisent un monde vivant et mystérieux. On a une impression de processus vital ou la vie hésite encore devant ce qu'elle doit devenir. On est face à l'informel du monde, à ses bords incertains où rien n'est définitivement stable.
Un simple goût exprimé par J.Giono à l'arrivée de Venise nous plonge déjà dans un monde hors du temps.
Les amoureux de Venise ont le même sentiment. Arrivant à Venise, ils ont l'impression de  revenir aux origines. L'omni- présence de l'eau renvoie alors à soi-même, à cette eau matricielle dans laquelle baigne l'enfant au creux du ventre de sa mère.
Alain Vircondelet l'écrit : " Il faudrait avoir le courage d'accorder à Venise d'être l'intacte métaphore de l'origine".
Pour Maurice Barres, Venise est le signe de l'Origine.

Nous voilà à Mestre en pleine nuit. Cette zone industrielle avec usines, raffineries de pétroles et odeurs jointes ne répugne pas Giono. Elle dégage un sentiment d'irréalité fort précieux et apporte sa dose de poésie (plus en tous cas que l'Angélus de Millet).
Le parking Autorimessa, avec son millier de voitures, dégage quelque chose d'exceptionnel : le silence !
Ce silence provoque déjà, d'instinct, des gestes d'une extrême lenteur.
Les amoureux de Venise connaissent ce symptôme d'indolence au charme oriental. Le temps semble aboli dans un bien être et une somnolence rythmée par les mouvements de l'eau.
On atteint l'essence même de Venise et son orchestration par le silence...où le temps s'efface. On est entouré d'une douceur pacifiée.

Prés de vieilles maisons Vénitiennes semblables à celles de Pietro Longhi ( on voit l'importance pour J.Giono de la peinture intégrée à la vie quotidienne) l'écrivain va d'emblée retrouver les points forts de sa vie intérieure  :
---le rappel de l'enfance au travers d'un repas pris sur une table en plein air, au bord d'un canal. Il y déguste des crevettes frites : " il y a au moins trente ans que je désire manger de nouveau des crevettes frites. Ma mère les préparait de cette façon ".
---le rappel de son père par la présence d'une boutique artisanale où des enclumes, des marteaux, entourent un "réparateur de jalousie".
Le réparateur, Turc chauve comme un galérien, porte sur son épaule une pie apprivoisée...ce qui, inévitablement, nous évoque l'image de son père cordonnier portant sur l'épaule un oiseau dans son atelier de la rue Grande, à Manosque.
---le rappel du silence, moteur du sens de l'ouïe.
C'est que le silence de Venise a les qualités d'un grand silence "il peut être utilisé sans fatigue pour la jouissance de toute une vie".
En fait, le sens de l'ouie est ici démultiplié et permet enfin le plaisir le plus étendu et non pas simplement limité à la belle musique. Ailleurs, le bruit ne permet pas à l'oreille de profiter de tout. Ici, l'émotion auditive peut se développer avec une force intacte.
Les amoureux de Venise connaissent cette impression que Venise est à soi. Un quartier, une place, un bout de canal offrent une douceur d'être qui développe des sensations de bonheur et ramène à l'essentiel.
Il n'y a pas de contemplation esthétique ou touristique. Venise nous parle de l'intérieur et nous ramène à soi, touchant quelque chose de trés profond. Giono est ramené à son père et à sa mère. Voila, retrouvé, la mémoire involontaire de Proust.
Les amoureux de Venise savent aussi que Venise est un multiplicateur des sens. Ils sont sollicités et exaltés et notre perception s'élargit ; y ajoutant espace et émerveillement.
Le fameux rêve de Baudelaire parle de "luxe, calme et volupté". la volupté réside dans cette utilisation du sens qui prend toute sa place.

Mais à Venise on se déplace sur l'eau. Le trajet se fait en vaporetto vers San Zaccaria et déjà le ponton tangue sous les pieds et fait ressortir la notion de "hasards".
C'est qu'ici, soit qu'on vogue sur l'eau, soit qu'on désire atteindre un autre rio ou un autre campo, on doit quitter, perdre cent fois par jour la stabilité et le regard de l'autre.
Ces pertes, ces absences, ces déchirements génèrent une douce mélancolie qui porte à la nonchalance. En définitive.."Finita la Comédia ; à quoi bon courir ?". Et Giono nous livre un autre détail de son enfance : son père l'amenait à Marseille, place St Michel, à un bassin agrémenté d'une barque. Et en voguant la barque croisait une rocaille qui lui dissimulait son père pendant une minute. C'était alors une sorte d'exercice de déchirement, comme à Venise.
Les amoureux de Venise savent que pour vivre à Venise on largue les ammarres et on circule au travers d'un lacis d'îles et de canaux qui éteignent les repères habituels. Tout s'efface alors et le temps ne compte plus : il n'a pas sa prise coutumière.
Le mouvement de Venise, son secret, est alors l'indolence qui fait accepter ce mélange de douceurs et de déchirements dont parle J.Giono.
Sachons le : ici tout est provisoire, même le définitif.

Suit une rencontre, place Saint Marc, avec un garçon de café du Florian.
La montée d'une acqua alta, à 3 heures du matin, donne une ambiance très forte de naufrage, d’envahissement.
Cela favorise les confidences (du serveur et des sentiments de l'écrivain). Notre homme travaille depuis 7ans au Florian, mais, avant, il tenait un bistrot rio Santa Sofia et ses 7 clients le faisaient vivre toute l'année. Il aime les seiches farcies et on a le temps de les préparer.
Son rio n'était pas loin des cloches de la Madonna del Orto et maintenant il a oublié Modène : il est vénitien.
D'ailleurs, il est comme Giono et n'aime pas le soleil. Ici, la pluie est un délice et réveille les odeurs : des maisons, des placards, des peaux de chèvres de la petite sandale padovane ou des épices lointaines portés par l'air de la ville jusqu'à la suif des chandelles...Aprés le sens de l'ouie, voici donc la force de l'odorat " rien ne donne plus l'idée qu'une odeur".
A Venise, on vit avec presque rien : les sens suffisent. Sens gustatif aussi et on peut aller à l'essentiel sans se soucier du qu'en-dira-t-on : par exemple on marche dans la rue en croquant une voluptueuse pâtisserie de chez Rizzardini. Cette volupté apparente et non déguisée est alors quelque chose de précieux : le contraire de l'ennui.
Ce catalogue de sensations insulaires va aller jusqu'à la couleur.et souligner la gaitée du noir. "La position de cette ville d'eau et pavée d'eau fait que c'est le seul endroit au monde où l'on peut porter indéfiniment du noir et où le noir reste pur".De fait, seul le noir devant la profusion des  variations chromatiques de la ville apporte quelque chose de nouveau et fait diversion.
Les amoureux de Venise connaissent cette fascination des sens qui les laisse dans la surprise. Ici, tout semble se donner dans le surgissement et dans la réapparition des sens qui ailleurs fonctionnent au ralenti. On est dans une respiration particulière et on vit alors des moments où les silences, les bruits, les odeurs ou les couleurs prennent leur place.
Cette sollicitation est une exaltation qui change les codes et donne à voir autrement. On retrouve l'art de regarder et de contempler.
Voici une des grâces de Venise : elle rend propre à la méditation et à la compréhension, au regard élargi.Nous avons noté que la discussion de Giono se déroule la nuit. La nuit va bien à Venise ; elle est obscurité comme l'imbroglio de ses rii et campi ; elle sied à son mélange d'irrationnel. C'est un temps où tout se retrouve.

Giono connait Venise : il situe précisément ses observations dans un sestière, un campiello ou un fondamento.
Mais son regard ne va pas vers les monuments "à visiter". C'est la vie quotidienne qui l'intéresse et donc son acuité est dirigé vers les gens, leurs manières, leurs gestes, leurs habillements, leurs allures. Cet intérêt le mène maintenant à nous parler des mœurs et des passions de Venise qui sont celles d'un pays du Sud.
L'ostentation masculine latine, si elle est absente, fait croire à de l'indifférence. Ainsi, une Vénitienne aux longs cils ne comprend pas qu'en sa présence on puisse s'intéresser à un change de monnaie...
Mais il y a de la générosité : dans les églises, les statuts des saints font l'objet de beaux présents .C'est que l'on préfère un beau geste à de l'argent. C'est l'art pour l'art. Mais tout semble se faire dans le cadre d'une représentation théâtrale, une sorte de jeux.
Ici, on fait usage du mensonge.
Il ne s'agit pas d'une accusation mais de la mise en avant d'un esprit d'imagination (machiavélique?) qui trompe l'ennui.
Un  exemple de mensonge-prétexte est présent dans la religion : un petit St Antoine de Padoue glissé dans une poche permet de faire entériner une décision équivoque par le saint reconnu et d'être à l'abri du péché.
Autre exemple savoureux de cette théâtralisation. La musique municipale arrive place Saint Marc et donne un concert. En fait, il s'agit d'une cacophonie distillant des sons affreux. Et pourtant...un spectateur est dans le ravissement et le bonheur. C'est que l'individu (et tous les spectateurs) sont en représentation eux aussi et jouent la volupté.
Voila un usage de la civilisation la plus raffinée : c.a.d du mensonge.
Gorgés d'imagination, les Vénitiens font tout pour éviter l'ennui et se distraire et n'oublions pas que pour Giono l'ennui est la plus grande maladie de l'Univers.
Les amoureux de Venise savent que l'on vit à la Sérénissime dans un monde d'illusions. Tout se mélange : minéral, aquatique, aérien dans un abandon des repères. Il y a toujours une sorte d'iréel, presque miraculeux.
Cette illusion théâtrale s'est aussi traduite dans le carnaval qui entraine une mise entre parenthèses du monde. Déjà dans la Commédia dell'Arte les personnages sont interprétés par des acteurs masqués. Au 18éme siècle les masques ( comme la bauta) étaient portés presque en permanence offrant ainsi des libertés qui gomment les distinctions.
Giono essaye un loup et constate " que même mon rire aux éclats était changé en sourire ambigu".Le théatre est bien là.
Une visite au Lido (par chance, un jour de gros temps) lui fait ressentir que les lointains de l'Adriatique sont froid. Une montée au campanile, au printemps, suffit pour donner une vision de sommets enneigés qui surprennent toujours.
Cette lumière de Venise fait alors penser à la lumière de l'Ecosse...de telle sorte que, devant San-Pietro di Castello, Giono se sent devant des îles écossaises.
Pour lui, Venise est un lieu où l'on déguste la réalité palpable. Pourtant, cette réalité- par exemple voir passer sur le canal de la Giudecca une barge à voile , solitaire, qui balance lentement une cargaison de blocs de marbre- conduit au rêve et on a alors souvent cette impression de choses vues en rêve.
En tous les cas, voila qui est clair "Venise est sans doute le seul endroit où l'on puisse indéfiniment renouveler ses désirs".
Nous le savons : un des désirs essentiels de Giono est l’écriture. Aussi va-t-il insérer dans son récit de voyage des histoires brèves de quelques pages. Ainsi, l’histoire de Giuseppe Bottari, propagandiste politique ou celle de l'espionne de police Ermelinda qui trahira sa proie : le gentilhomme Giacomo lanza.
Pierre Citron remarque que ces histoires sont presque invariablement sanglantes ; ce qui est peut-être un reflet des Chroniques Italiennes de Stendhal. Mais aussi, il présente une autre facette de l’Italie. Et surtout, peut-être, ces histoires se situent entre 1830 et 1850 et Angelo Pardi, le hussard , après avoir quitté Pauline de Théus et l'épidémie de choléra des basses-alpes traversera l'histoire italienne de cette période.
Giono reprend alors sa narration sur les attitudes vénitiennes en soulignant par une phrase toute une philosophie hédoniste "Le Vénitien est gourmand mais avec cette mesure qui donne un prix infini au péché". Tout semble dit.
Mais cela n'empêche pas l'inquiétude et le Vénitien est inquiet parce qu’il interprète tout. Voici un héritage reçu des commerçants qui après avoir confié leur fortune à la mer arpentent le quai pour suivre le souffle du vent et de la "fortuna".
Il est bon de préciser à nouveau que le choix de Giono est de faire tout très lentement : "si on me bouscule, je m'en vais". Et s'il connait les palais, les arts et les artistes, il les connait "entre autres".D'ailleurs même ce que l'on ne voit pas peut provoquer l'exaltation.
La fin du récit va se cristalliser sur l'omniprésence de l'eau verte qui change tout.
Ici, si pauvre qu'on soit, on est obligé d'avoir un bateau particulier, un petit port personnel.
Alors tout prend un état de noblesse humain et de grâce : on fait tout avec bonheur.
Les amoureux de Venise savent que où que l'on se trouve l'idée même de Venise est une machine à éveiller les désirs, à faire rêver . La moindre petite ville ayant des canaux s'autoproclame "petite Venise", augmentant ainsi son pouvoir de rêve. L'eau partout libère, illusionne, apporte la fascination, l'irréel et le surréel.
Surtout, Jean Giono achève son récit en nous dévoilant tout un appétit de bonheur. Il l'avait déjà souligné " je ne suis pas venu ici pour connaitre l'Italie mais pour être heureux".
Nietzche intitulera un de ses poèmes Vénitiens "Mon bonheur" et Proust, dans le Temps retrouvé, résoudra l'énigme du bonheur grâce à l'image de Venise qui lui donne une joie suffisante pour lui rendre la mort indifférente....
C'est qu'ici, le bonheur s'il peut surgir de la beauté, est aussi provoqué par le quotidien et ses entrelacements multiples qui ne mènent nulle part et se suffisent à eux-mêmes.
Venise donne  toujours l'impression d'être à soi, de nous appartenir.
Les amoureux de Venise savent que Venise touche à l'invisible et provoque une traversée du miroir.
On est ici dans l'apprentissage du bonheur et l'espoir que donne cette ville est d'y revenir pour continuer et cotoyer l'éternité.

Dans son périple Vénitien, Giono semble imprégné de l'esprit de la Renaissance humaniste qui marque le goût de la recherche individualiste du bonheur.
Il nous offre, grâce à son génie littéraire une palette de sentiments, de sensations,d'impressions, de digressions, qui constituent un véritable voyage poétique vivant. C'est par la richesse de ses perceptions qu'il orchestre avec originalité le récit de son voyage. Et si Venise est en quelque sorte gionisé, il en reçoit aussi le sortilège qui nous ouvre un autre monde ; une intuition d'ailleurs.
Après avoir comparé la perception gionienne à celle des amoureux de Venise, il ressort bel et bien une proximité de postures qui s'entremellent dans le labyrinthe Vénitien.
Dés lors, osons l'écrire, Giono est aussi un amoureux de Venise.

                                                                 Robert Sausse di Vénézia

Bibliographie :  Giono, Voyage en Italie, Gallimard, 1953
Giono, Camargue, 1960
Alain Vircondelet, Nulle part qu'à Venise, Plon, 2003

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