Entre les Dieux et les hommes : la chèvre

Zeus, le dieu de l'Olympe grec, dissimulé par sa mère en Crète, va être nourrie dans son enfance par la chèvre AMALTHEE. D'un simple bond, l'animal va se retrouver dans la mythologie provençale et rester lié aux incursions sarrasines. Autour des grottes, au sommet des collines, elle est la créature enjôleuse qui indique de fabuleux trésors.

Loin de cette légende, elle a été en Haute Provence, un élément de l'élevage familiale des régions pauvres pendant des siècles. Pourquoi ?

 

 
Dessin de Yolande Sausse

- Elle se contente de peu, se nourrissant d'une maigre végétation herbacée ou arbustive.

- Elle fournit du lait à la famille et permet la transformation fromagère. (voir l'article sur le fromage de Banon)

- La viande de chevreaux peut être vendue avantageusement.

Et pourtant, la chèvre a singulièrement été poursuivie au fil du temps. Ainsi un arrêté du 15 Germinal an IX interdit de « tenir des chèvres dans le département des Basses-Alpes », les peines allant du bannissement à l'égorgement des bêtes. Avant la révolution, les seigneurs voulaient alors sauvegarder les jeunes pousses forestières des caprins dénoncés comme destructeurs. Elle a échappé à ces règlements seigneuriaux puis administratifs. La charge affective, la relation familière et quotidienne avec l'animal, l'empreinte paysanne du bon sens ont gardé le dessus. Ma mère, Jeanne Pascottini, rapporte qu'en 1942, à l'âge de douze ans, à Chaudon-Norante, elle courait avant et au retour de l'école mener trois chèvres aux champs. Bel exemple de nécessité et d'affectivité ! Souhaitons malgré les mutations agricoles croiser souvent en Haute Provence cette réalité rurale et cette image d'Epinal : une chevrière gardant ses chèvres aux yeux rêveurs.

 

 

A ma mère, Jeanne, qui a gardé Tartonne et ses copines cornues

Robert Sausse

 

A consulter : in «  La Montagne de Lure » n° 145-146 des Alpes de Lumière, un lumineux article de Guy Barruol et André de Réparaz.

 

   

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