Mane : Qui veut faire sa fille Dame, qu'il la marie à Mane. (proverbe)

Lorsqu'on parle de Mane, on voit d'abord une image de carte postale montrant le village avec son église au haut clocher et sa citadelle médiévale.

En fait, ce fut un site occupé très tôt puisqu'on a découvert des traces d'implantation datant de la préhistoire. Puis vint l'époque romaine et la « via domitia » qui passe en droite ligne dans la plaine qui le jouxte. Les Romains, dès 55 après J.C., y constituèrent un marché. Certains disent que son dénomination viendrait de « Mannus », une Romaine, dont on a trouvé le tombeau en ces lieux, mais en fait la grosse majorité des historiens pensent que son nom latin était « Mana » ou « Manija » et viendrait de la déesse « Mana Genita » qui présidait aux enterrements.

Arriva le Moyen-âge et pour la première fois, on voit Mane figurer dans un texte en 1103 sous le patronyme de « Manoa ».

Le bourg va s'entourer d'une double enceinte dont les portes, dernières survivantes des remparts détruits, furent démolies en 1846 mais il reste l'implantation des maisons anciennes (magnifiques à voir) pour témoigner de leur existence car de riches marchands se firent construire de luxueuses demeures aux portes très décorées de sculptures de bois, la plus connue de ces habitations est l'hôtel de Miravail (1540). Qui dit Moyen-âge pense château. Ce dernier, qui figure sur toutes les cartes postales, fut construit au XII° s. et le logis que l'on peut voir date du XVI° s., lui aussi est dotée de deux enceintes et autour de la seconde furent découvertes les traces d'un village primitif (bourg castral) qui était venu se nicher peureusement tout près de la protection offerte par le seigneur. Ce château-forteresse hexagonal qui se dresse fièrement sur son piton est le seul en Haute-Provence qui soit demeuré intact. Il avait fait partie avec Lincel, Reillanne, Céreste, Saint-Michel l'Observatoire et Porchères d'une ligne de défense qui devait protéger le comté de Forcalquier contre les agressions du comte de Provence.

Comme partout ailleurs, il y a une église et une place où se tient celle-ci, mais dans ce bourg on a une esplanade qui est forte de deux points religieux puisqu'on trouve un église plus une chapelle. Ce lieux du culte catholique dominical est dédié à Saint André, daté du XVI° s. et a un imposant clocher, en pierre de taille, de 31 mètres, sa porte est de style florentin et son autel de style de l'école marseillaise.

 

   

Juste à coté, nous découvrons une chapelle à l'architecture du XVII° s. elle fut édifiée en 1613 à la demande des pénitents blancs, association religieuse laïque.

La famille qui laissa le plus de traces à Mane est celle des Forbin Janson. C'est elle qui construisit le château de Sauvan que l'on voit à l'extérieur du village sur la N. 100. Elle acquit la seigneurie seulement en 1588. En plus de cette construction, elle fut à l'origine de l'édification de l'hospice (St. Joseph), d'ailleurs un tableau de la fin du XVII° s. représentant le cardinal de Forbin Janson, classé en 1992, est là pour rappeler la famille bâtisseuse. En 1862, les sœurs franciscaines missionnaires de Marie, logées au couvent des minimes, le prirent en charge. C'est Joseph Palamèdes de Forbin Janson qui finança sa construction en 1709 ; il se fit édifier aussi, près du couvent des minimes, une maison d'habitation, aujourd'hui disparue, « la maison basse ». Placé à coté de lui, une fontaine s'appuie sur un de ses murs. Dans son prolongement, on voit un lavoir du XIX° s. Cette fontaine que l'on voit aujourd'hui est de 1909, elle remplace celle d'origine qui affectait une forme ronde et était du XVIII° s. Elle est essentiellement décorative et ne correspond en rien aux besoins des habitants du début du siècle.

 

   

On va parler à nouveau de cette famille en constatant qu'elle est à l'origine de la construction du couvent que l'on trouve au nord du village. C'est en effet Melchior de Forbin Janson qui est en est l'instigateur au XVII° s. Après avoir été occupé par des Minimes, saccagé durant les Guerres de Religion, pillé à la révolution, ses ruines furent rachetées par le constructeur de la Citadelle de Forcalquier : le chanoine Terrasson. Sa chapelle était décorée de copies de tableaux se trouvant à Rome, nous dit l'abbé Féraud.

Au siècle dernier, la faïence de Mane fut très réputée ainsi que sa pierre, qui la fut de tout temps, c'est d'ailleurs dans le milieu des tailleurs de pierres des carrières alentours que se recruta la plus grande partie des révoltés bas alpins contre le coup d'état de 1851 (voir site http://www.1851.fr/themes/amnesie.htm ) C'est cette pierre quoi servit, entre autres, à la construction du château de Sauvan.

Les Manarains sont surnommés «  lei manjo can  » = les manges-chiens car durant l'insurrection de la Commune , certains d'entre eux mangèrent un chien dans un banquet républicain.

Juste à l'extérieur, en direction des Granons, on peut voir un pont roman qui permettait aux pèlerins qui se rendaient à St.Jacques de Compostelle de garder les pieds au sec en traversant la Laye vers l'abbaye de Salagon. Au Moyen-âge, il ne comportait qu'une seule arche, ce n'est qu'au XVII° s. que la seconde apparue.

Il est bon de remarquer que la municipalité a, jusqu'à présent, fait de ce lieu et de son patrimoine un élément culturel indispensable à la France des provinces, indispensables aux racines des gens, où que se trouvent ces racines. Elle a su le défendre, le mette en valeur sans le brader.

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Le rédacteur du site : Jean-Paul Audibert

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