Manosque au Moyen âge :

C'est la ville la plus peuplée du département. Mais en fut-il toujours de même à travers les âges ? Apparemment, oui. Au milieu de l'époque qui nous interresse, la population était de 10.000 âmes et vers le milieu du XV° s., elle se retrouvait à 8.000 habitants (chiffre donné par l'abbé Feraud).

Son nom apparaît pour la première fois à la fin du X° s. sous la forme de Manaosca mais ce nom peut avoir différentes origines suivant les historiens ; cela va d'un terme celto-ligure à un mot latin ( manua) . On sait d'elle qu'elle fut complètement détruite par les Sarrasins en 966.

Avant d'être cédée à l'ordre des Hospitaliers de Jérusalem, la ville avait pour seigneurs, les comtes de Forcalquier (des historiens ont dit que Manosque fut leur résidence d'hiver) et l'abbaye Saint Victor de Marseille. La ville faisait partie de l'évêché de Sisteron. Au tout début du Moyen âge, le comte de Provence y séjournait six mois par an pour administrer le nord de son comté, l'autre résidence se situait à Arles. C'est ainsi que Guillaume I (le libérateur) s'y fit construire un château dont on voit encore les ruines du donjon (colline du Mont d'Or).

A cette époque, la ville était partagée en 4 quartiers : les Ebréards, le Palais, les Payans et les Martels et était composée, outre ces quartiers, de villages tout autour d'elle, il y en avait 5 : Saint Maxime, Mont d'Or, Toutes-Aures, Montaigut, Saint Pierre où fut fondé le premier établissement des Hospitaliers. Ces villages, situés sur des hauteurs, avaient été constitués par des gens qui fuyaient les Sarrasins, deux d'entre eux possédaient un château : Toutes-Aures et le Mont d'Or comme on l'a déjà vu.

Et c'est ainsi que la ville de Manosque tomba dans l'héritage de Guigues, fils cadet de Guillaume III, comte de Forcalquier. Il en fit donation aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem et malgré la confirmation de cette donation par Guillaume le Jeune, elle donna lieu à de vives contestations. Déjà, ils étaient implanté dans la ville, l'évêque de Sisteron, Gérard Caprici, leur avait donné une terre et une maison. Ils durent faire appel au pape Eugène III pour la récupérer. En effet, le frère du donateur, Bertrand II s'en empara et voulu la laisser en héritage à ses enfants. Les Hospitaliers se heurtèrent, bien vite, aux pouvoirs bourgeois des habitants, représentés par 12 consuls. Ceux-ci avaient été institués par les comtes de Forcalquier et confirmés par les comtes de Provence lorsqu'ils absorbèrent le précédent. On peut même se demander si les droits accordés à la ville n'étaient pas là, volontairement, pour gêner les Hospitaliers, en effet, ces libertés municipales étaient très importantes, sans aucune commune mesure avec celles d'autres villes, on peut même dire comme le firent certains historiens que Manosque était en avance sur son temps. La maison des Hospitaliers de Manosque était une commanderie dépendante du prieuré de Saint Gilles. Elle avait à sa tête un commandeur assisté d'un bailli. Pour parler encore des Hospitaliers, on dit qu'au treizième siècle, la ville reçut les restes du fondateur de l'ordre : Gérard Tenque ( Pierre-Gérard de Martigues).

Les Juifs furent toujours bien accueillis, ils avaient même été autorisés à avoir des juges spéciaux et indépendants de la justice comtale. Mais l'usure qu'ils pratiquaient, provoqua d'importantes émeutes contre eux, en particulier en 1495.

En 1340, on comptait 4 églises dans la ville, la principale était dédiée au Sauveur des hommes (Saint Sauveur), une autre St Etienne fut détruite et ne put jamais être localisée  ;

la place des Ormeaux ou du vieux cimetière a été édifiée à l'emplacement d'un cimetière, comme son deuxième nom l'indique, qui dépendait de cette église. Manosque fut surnommée « la fleurie » par la reine Jeanne, comtesse de Provence et de Forcalquier, qui traversa Manosque au printemps quand les amandiers étaient en fleur (explication donnée par Bouyala d'Arnaud). Sa devise est Omnia in manu Dei sunt = Tout est dans la main de Dieu. Ses armoiries datent du XV° s., elles représentent 4 mains ouvertes qui pourraient rappeler les 4 quartiers de la ville et les 5 doigts d'une main ouverte feraient allusion aux 5 villages qui, associés, au Bourg, formèrent la ville. La place du Terreau est l'ancien lieu où se dressait le palais des Hospitaliers. L'hôpital remonte à 1487, date à laquelle une maison fut donnée aux consuls de la ville pour servir de refuge aux malades. Fin XIV ème siècle existaient trois couvents hors les murs qui vinrent dans la ville pour bénéficier de la protection de ses remparts, à savoir les Carmes dans la rue Guilhempierre, les Observantins au quartier des Payans et les Clarisse dans la rue d'Aubette. Voilà quelques éléments en vrac qui firent la particularité de Manosque au Moyen âge. Il reste à dire quelques mots sur les fortifications.

La ville eut deux enceintes, la première date de la fin du XII° s. et la deuxième de 1366, pour finir la restauration des remparts, Manosque fit appel à des maçons italiens, la main d'oeuvre locale ne suffisant pas. Elle fut construite sur les ruines de la première pour la protéger des Grandes Compagnies qui sévissaient alors. Elle était renforcée de 10 tours et percée de 3 portes, une quatrième fut ouverte en 1400, ce fut la porte d' Aubette ,

aujourd'hui disparue. Des trois portes, la première que l'on voit en arrivant par la route de Marseille est la porte Saunerie ou porte Reynaud le Vieux ou encore de Dan Symon (citée par Damase Arbaud dans "Manosque au Moyen âge", 1847), Dan venant d'une contraction d'un mot latin Dominus (maître, seigneur).

Sa base est romane ( XII° s.) mais les créneaux ont été refait en 1906 suite à l'écroulement des originaux (1382) vers 1730. Ils symbolisaient la liberté de la ville. C'est par elle que pénétrait le sel (sau) d'où le nom. De l'autre coté de la ville, après l'avoir traversée en suivant la rue « Grande » et être passé par une belle place ombragée où se trouve la mairie, en poursuivant par une rue étroite et commerçante (rue Soubeyran), on arrive à la porte Soubeyran

qui était la porte nord de la ville moyen âgeuse. Le campanile qui la décore en son sommet ne date que de 1830 ainsi que l'horloge et la balustrade qui l'entourent. La troisième porte est la porte Guilhempierre dont le nom provient d'un notaire d'un comte de Forcalquier qui avait sa maison à cet endroit.

Voila pour la cité du Moyen âge ; bien que de nos jours, passé les portes et les boulevards extérieurs, on se trouve toujours dans la ville, à cette époque, on était en pleine campagne.  

Le rédacteur du site : Jean-Paul Audibert

---- "Manosque, évolution de la ville de son origine, au XIX ème siècle" Opuscule qui m' a donné de précieusses informations.

---"Manosque - De sa Fondation à la Révolution Française" publiée par l'Association Manosquine de Recherches Historiques et Naturelles"

--- "Manosque de 984 à 1603" de Paul Pottier, Comité du Patrimoine Manosquin.

sommaire