Monseigneur MIOLLIS = Bienvenu MYRIEL dans « les Misérables » de Victor Hugo.
De son nom complet : François, Melchior, Bienvenu, Miollis. Il était fils d’un conseiller au Parlement d’Aix, il appartenait donc à la noblesse de robe. Il ne sera jamais bonapartiste contrairement à son frère, Sextius, qui fut général de division et que Napoléon nomma gouverneur de Rome, d’ailleurs ce frère lui laissa 1/7 de sa fortune.  
Mais pourquoi est-il connu ? Pour avoir été évêque de Digne, il y officia durant 32 ans, de 1806 à 1838. Sa renommée vient de sa sainteté et surtout, plus prosaïquement, du fait qu’il servit de modèle à un personnage de Victor Hugo dans « les Misérables » : Monseigneur Myriel que rencontra Jean Valjean au début du roman. Victor Hugo donna à son personnage de nombreux traits de caractère de Mgr Miollis : gout de la pauvreté, détachement des biens de ce monde, bonté envers son prochain.
 

 Pourquoi lui ? Car Victor Hugo ne vint jamais à Digne mais il entendit souvent parler de lui par un de ses frères, Gabriel, qui fut préfet du Finisterre  et qui vint prendre sa retraite en habitant dans une rue (rue Cassette) proche de celle de là où habitait l’écrivain, ils se rencontrèrent souvent. C’est ainsi que Hugo eut l’idée du livre dès 1828 mais ne l’écrivit qu’en 1862. Le plus grand écart qu’il fit  avec la réalité fut de faire de son personnage un vieillard de 75 ans alors que Miollis n’en avait que 62 à cette époque. Mais de son temps de nombreuses critiques lui furent faites, en particulier par un des parents de l’évêque, François de Miollis (neveu) qui fit publier une lettre de protestation par rédacteur en chef de l’Union (journal légitimiste) et par son petit neveu : Charles de Ribbe. Généralement, on ne comprit pas pourquoi Hugo le gratifia d’une jeunesse libertine et le maria.
Monseigneur Miollis est né le19 juin 1753 à Aix, rue Aude, à l’hôtel Peyronetti et est mort le 27 juin 1843 cette même ville d’Aix, chez, sa sœur, Anne Marie Ribbe, après avoir démissionné de sa charge d’évêque en 1838 (il fit valoir son état de santé et son grand âge auprès du pape). Il avait été ordonné prêtre en 1777 à Carpentras. Sa carrière ecclésiastique le conduisit à la cure de Brignoles (Var) ; c’est dans cette ville qu’il fut avisé de sa nomination à l’évêché de Digne, il était dans son jardin, vêtu d’une soutane rapiécée lorsqu’il reçu la nouvelle. Mais avant, durant la période révolutionnaire, il avait refusé de prêter le serment constitutionnel que l’Etat imposait aux prêtres, il dut se réfugier à Rome. Il profita de son séjour pour écrire une étude approfondie sur la ville ancienne et moderne, cette œuvre  qui se composait de 11 volumes manuscrits ne fut jamais éditée. Après le concordat, en 1802, il revint de son exil romain pour être nommé vicaire de la paroisse St. Sauveur à Aix.
A son arrivée à Digne, il ne put habiter le palais épiscopal qui était occupé par le tribunal de l’arrondissement et du département, pendant un temps, il le fut même, dans une partie de bâtiment, par une école d’enseignement mutuelle. Il dut aller habiter dans une petite maison, aujourd’hui au sommet de la rue de l’Hubac, il y resta durant 19 ans. Ce logement devint la résidence des sœurs de la Sainte Enfance, œuvre caritative au service des missions. Ce n’est qu’en 1825 qu’il put occuper les locaux réservés à l’évêque.
Son attitude vis-à-vis de Napoléon fut anti bonapartiste bien qu’en aout 1810, l’empereur le fit chevalier de la légion d’honneur. Il lui opposa toujours une résistance passive. Il assista au concile de 1811 qui devait examiner les relations très rendues entre Napoléon et le pape Pie VII pour l’instant retenu prisonnier à Savone. Napoléon lui demanda son avis. Le lendemain, Miollis lui répondit que le Saint Esprit ne lui en avait pas parlé. Voici le dialogue tel que le rapporte Roux-Alphéran (repris par le blog : http://ruesdaix.ag13.pagesperso-orange.fr/html/MIOLLIS.html ): « Sire, je ne prends aucune décision sans avoir consulté le Saint Esprit. Il me faut donc un peu de temps ! » Le lendemain, revenant sur le sujet, Napoléon lui demanda: - ” Et que vous a dit le Saint Esprit ?”. Il répondit :- “ Sire, pas un mot de ce que Votre Majesté a bien voulu me dire hier » Lorsque Napoléon, revenu de l’ile d’Elbe, s’arrêta à Digne, Miollis ne le vit pas et trembla de devoir le rencontrer.

Durant les 100 jours, il demeura muet devant le fait que le clergé, placé sous ses ordres ne fit pas chanter : « Seigneur, protège l’empereur ». Cette attitude permissive encouragea dans sa lutte le curé d’Oraison, l’abbé Bologne, qui était tout dévoué aux Bourbons, il était une des figures anti bonapartistes les plus remuantes du département et son évêque ne le calmait pas.
Il fit énormément de bien autour de lui n’étant pas homme à économiser ni à avoir un train de vie dispendieux, il employa son argent à aider les gens autour de lui. Entre autres on peut citer, en 1829, la création du couvent des Visitandines qui vit le jour grâce à ses dons, sa générosité envers les frères des écoles chrétiennes de Forcalquier permit à ceux-ci de se loger car il venait souvent dans cette ville voir sa sœur, Jeanne Désirée, qui avait épousé le dernier lieutenant-général de la sénéchaussée de ce territoire ; il consacra des sommes considérables à la réfection du Grand Séminaire qui lui fut remis en 1807, cet immeuble avait été vendu à la ville en tant que bien national.
Déjà de son vivant, la municipalité de Digne  avait décidé de donner son nom à une rue qui allait de l’évêché à la préfecture.
Son corps repose près du maitre-autel de la cathédrale saint Jérôme.

sommaire