MONOGRAPHIE DE LA COMMUNE DE MONTFORT

(BASSES-ALPES)

par B. MAUREL Instituteur, Manuscrit inédit

1899

1. ETYMOLOGIE

L'étymologie de Montfort est tirée de sa situation sur une hauteur et des fortifications qui y existaient autrefois : Mont fort, fort sur un mont. En latin : mons fortis, castrum de monte forti.

2. APERCU HISTORIQUE

1 – Origine

Le village de Montfort a été bâti probablement à l'époque des invasions. Il a remplacé celui qui existait antérieurement dans le vallon de Saint-Donat, lequel a été détruit par les Sarrasins, vers le dixième siècle.

2 – Epoque féodale

Les premiers seigneurs connus portaient le nom de Baux.

La seigneurie leur fut confisquée par la reine Jeanne, comtesse de Provence, pour crime de félonie.

Cette reine en fit donation à Foulque d'Agoult, dont le fils, Raymond, qui lui succéda, reçut hommage de la communauté le 19 janvier 1386. C'est le plus ancien hommage connu.

D'autres hommages eurent lieu en 1430 et en 1537. Ces hommages n'exigeaient ni corvées, ni redevances.

Les corvées et les redevances furent imposées plus tard, par suite de la faiblesse ou de l'ignorance des habitants.

C'est ainsi que, par une transaction passée le 1er décembre 1501, il est stipulé que les habitants doivent au seigneur :

Une corvée de bœufs au temps des semences ;

Deux sétiers de blé et quatre hémines d'avoine pour chaque habitant possédant charrue ;

Une journée pour bêcher la vigne ;

Le paiement par la communauté de 40 florins de Provence.

Cette transaction fut observée jusqu'en 1547. A cette date, Gaspard de Glandèves, seigneur de Montfort, se fit reconnaître les droits de tasque, censes et services. Mais les choses restèrent en l'état jusqu'en 1652.

Jean de Vitalis, successeur de Gaspard de Glandèves, obtint, par surprise, le 6 janvier 1652, une transaction qui lui accordait une tasque générale au quinzain. Les habitants refusèrent de la reconnaître.

Ce refus fut l'origine d'un procès entre le seigneur et la communauté, qui dura jusqu'en 1702, et qui se termina par l'annulation de cette transaction.

Mais le seigneur de cette époque, Charles de Cornand, exagéra tellement ses droits que de nouveaux procès s'ensuivirent et que la communauté fut définitivement condamnée, le 14 juillet 1722, à payer au seigneur :

6.000 livres d'arrérages ;

2.000 livres de dépens ;

15 charges de blé pour l'année en cours et, pour les années suivantes, une tasque au quinzain sur les grains, les raisins et les légumes.

Les consuls durent se soumettre, le 11 octobre 1722, à l'hommage et à la reconnaissance en corps de communauté, ainsi que chaque particulier en ce qui le concernait.

Le dernier seigneur de Montfort fut François-Armand Léonor d'Hugues, colonel d'infanterie, marquis de Vaumeilh, baron de la Motte, seigneur de Turriers, Astoin, etc.

Il émigra à l'époque de la Révolution. Ses biens furent confisqués et vendus à un prix dérisoire. Ils portent depuis cette époque le nom de Nation.

Le comte d'Hugues, qui a été député de Sisteron de 1893 à 1898, est l'un de ses arrière-petits-fils.

3 – Epoque des guerres de religion

Par suite de sa situation stratégique, Montfort eut cruellement à souffrir à l'époque des guerres de religion.

Les protestants, commandés par Verdelet, s'en emparèrent. Le comte de Carcès vint les assiéger en 1573. A la vue de l'ennemi, Verdelet demande à parlementer. Mais il recommence les hostilités avant même d'avoir renvoyé le parlementaire. Plein de colère, le comte fait bombarder immédiatement le château. Saisi de peur, Verdelet offre de se rendre en montrant une bourse pleine d'or. Le comte refuse. Il s'empare du château et fait pendre Verdelet à un arbre ainsi que plusieurs soldats de la garnison.

Les traces du bombardement existent encore. On voit, sur la partie la plus élevée du village, une vieille tour en ruines où les coups de canon sont encore bien reconnaissables. On a même trouvé des projectiles de fort calibre que l'on conserve précieusement. Le Musée de l'école des frères des Mées en possède quelques-uns.

4 – Epoque de la peste de Marseille

Pendant la peste de 1720, quatre hommes armés surveillèrent les rives de la Durance, du 28 août au 17 novembre, à raison de 20 sols par jour chacun.

Le village fut entouré d'une barrière que deux hommes gardèrent depuis le 1er août 1720 jusqu'au 6 janvier 1722.

Grâce à ces mesures de précaution, Montfort fut épargné par le fléau.

5 – Epoque de la Révolution

Cahiers de 1789 – « Les députés seront expressément chargés de solliciter la réformation du code civil et criminel ; la suppression de tous les tribunaux inutiles et onéreux ; l'abrogation de toutes lettres attentatoires à la liberté des citoyens ; la faculté, à ceux-ci, de quelque ordre qu'ils soient, de concourir pour tous emplois militaires, bénéfices et charges attributives de noblesse ; réclamer surtout contre la vénalité des offices ; réclamer une modération dans le prix du sel, rendu uniforme par tout le royaume ; abolition de tous droits de circulation à l'intérieur ; seulement des bureaux des traites dans les frontières ; convocation générale des trois ordres de la province pour former ou reformer la constitution du pays ; réclamer de la justice qu'il soit permis aux communes de nommer un syndic, avec entrée aux Etats ; de s'élever contre la perpétuité de la présidence et contre la permanence de toute chambre non amovible ; requérir l'exclusion des Etats des magistrats et de tous officiers attachés au fisc ; la désunion de la Provence du pays du consulat de la ville d'Aix ; la démission des gentilshommes non possesseurs de fiefs et du clergé de second ordre ; l'égalité des voix pour l'ordre du tiers contre celles des deux premiers ordres ; égalité de contributions pour toutes charges royales et locales. »

Par délibération en date du 29 mars 1789, le conseil charge les sieurs J. B. Amayenc, premier consul, et Arnoux, greffier, de porter ces cahiers à l'assemblée qui devait se tenir à Sisteron.

Le 31 juillet 1789, M. de Tournade, commandant de la ville de Sisteron, ordonne aux habitants d'obéir à M. d'Aubignosc pour tout ce qu'il leur commandera dans la circonstance présente pour le service du roi et la sûreté publique.

Le 20 septembre 1789, il est procédé à la nomination des chefs de la milice. On nomme un commandant, un major, deux capitaines et deux sergents.

Le 29 juin 1790, l'intendant, à Aix, écrit au maire de Montfort de fournir gratis le logement à un brigadier et à deux cavaliers qui devaient être détachés à l'auberge de la Combe de Saint-Donat, depuis le 12 juillet jusqu'au 3 août, à l'occasion de la foire de Beaucaire.

Cette auberge était isolée dans une gorge sauvage, sur une route très fréquentée. De nombreux assassinats y avaient été commis. C'est ce qui explique la mesure prise par l'intendant.

Le 5 juillet 1790, le conseil se réunit pour délibérer sur les avantages apportés par la suppression du régime féodal. Il décide de notifier à M. d'Hugues les décrets de la Constitution.

Le 13 février 1791, le vicaire Chaudony prête le serment civique, mais il le rétracte le 22 mai suivant.

En 1794, le maire porte les ornements de l'église à Sisteron.

Le 20 pluviôse an VI, la municipalité invite tous les citoyens à célébrer la fête de décadis [ sic ]. On planta l'arbre de la liberté au chant d'hymnes patriotiques et aux cris de : « Vive la liberté ! Vive mille et mille fois la République ! Vive la Convention et le Directoire ! Vive le général Bonne Parte [ sic ] ! Vivent nos braves armées et les conquêtes faites dans l'Italie ! Vive le 18 fructidor ! »

Le 30 ventôse an VI, eut lieu la fête de la souveraineté du peuple.

Voici comment se fit la célébration de cette fête :

Douze citoyens, pris parmi les plus âgés, choisirent quatre jeunes gens pour élever un autel au pied de l'arbre de la liberté. Le livre de la Constitution fut placé sur l'autel et on chanta des hymnes patriotiques. Les vieillards tenaient à la main des baguettes blanches, et les jeunes gens, des bannières. L'un des vieillards monta sur l'autel et prononça les paroles suivantes : « La souveraineté du peuple est inaltérable. » Le principal fonctionnaire public répondit : « Le peuple a su, par son courage, reconquérir ses droits trop longtemps méconnus. » Un autre vieillard demanda que la proclamation du Directoire fût envoyée aux instituteurs publics, pour qu'ils la gravassent dans la mémoire de leurs élèves. Dans l'après-midi, les vieillards commencèrent le bal. On fit des farandoles et un feu de joie en l'honneur de la fête.

6 – Culte

Sous le rapport du culte, Montfort dépendait du Monastère bénédictin de Ganagobie. Un moine de ce couvent était chargé du service religieux.

Ce moine, qui avait le titre de prieur, percevait la dîme.

A partir de 1601, le prieur est tenu de résider à Montfort.

Il portait, à cette époque, le titre de vicaire. Il fut appelé, plus tard, provicaire, procuré, et enfin curé à partir de 1792.

7 – Eglises

Il existe, à 100 mètres environ au-dessous du village, une église romane, en ruines, qui a servi à l'exercice du culte jusqu'en 1698.

Deux ans auparavant, le 27 janvier 1696, l'évêque de Sisteron avait autorisé la construction d'une nouvelle église au milieu du village.

Le 2 février de la même année, le conseil de la communauté vota, pour cette construction, la somme de 150 livres, et décida que chaque habitant devait fournir six journées.

Le vicaire Corbon promit de contribuer à la dépense pour 100 livres et s'engagea à faire cuire un four à chaux.

La nouvelle église fut terminée à la fin de l'année 1698 et livrée aussitôt après à l'exercice du culte.

Des travaux de restauration y vont être exécutés incessamment.

Un clocher sera construit, en même temps, à l'est de l'église, touchant le sanctuaire.

Le montant du projet est de 10.000 francs. La commune s'est engagée pour 2.000 francs, mademoiselle Gastinel, de La Cassine (Peyruis), religieuse franciscaine, pour 4.000 francs, et l'Etat pour 4.000 francs, suivant décision du ministre de la Justice et des Cultes, en date du 20 avril 1898.

8 – Presbytère

Le presbytère a été construit en 1688. Le prieur paya le tiers de la dépense, qui s'éleva à 300 livres.

9 – Exorcisme

Dans le courant de l'année 1748, le consul est allé demander au grand vicaire, à Sisteron, la permission de faire l'exorcisme des chenilles qui causaient beaucoup de dégâts aux récoltes. On ne sait quel fut le résultat de sa démarche.

10 – Registres de l'état civil

Le 2 janvier 1793, le sieur Fauchier, curé, remet au maire les registres des actes de l'état civil.

Ces registres remontaient à l'année 1622, mais il n'a été conservé que ceux qui sont postérieurs à 1664.

11 – Municipalité

Les plus anciens registres des délibérations du conseil municipal datent de l'année 1620.

Il y avait, à cette époque, deux conseils : le conseil ordinaire et le conseil général.

Le conseil général ne s'occupait que des affaires les plus importantes. Il se composait de tous les chefs de famille qui payaient une cote.

Il y avait aussi deux consuls, qui étaient nommés pour un an par le conseil et n'étaient pas rééligibles. L'élection avait lieu à la fin de l'année.

A partir de 1753, il n'y eut plus qu'un seul consul, qui était nommé par le lieutenant particulier subdélégué de l'intendance de Provence, à Sisteron.

Il y avait, en outre, les auditeurs des comptes, le greffier, le garde-terres et le garde-vignes.

12 – Armoiries

Les armoiries de Montfort sont les suivantes : de gueules à trois tours crénelées d'or, maçonnées de sable ; deux en chef et une en cœur ; celle-ci soutenue d'une montagne d'argent herbée de sinople mouvante de la pointe de l'écu.

3. INSTRUCTION PUBLIQUE

1 – Avant 1800

Le document le plus ancien sur le service de l'instruction publique à Montfort ne date que de l'année 1713.

Le 11 septembre 1713, le vicaire fait connaître aux consuls qu'une déclaration du roi ordonne à toutes les communautés de tenir un maître d'école.

Le conseil charge les consuls de faire les diligences nécessaires et vote la somme de 10 écus pour le salaire du maître d'école.

Presque toujours, c'était le vicaire qui se chargeait de l'instruction des enfants. Quand c'était une autre personne, sa nomination devait être agréée par le vicaire.

L'école n'avait lieu que pendant cinq ou six mois de l'année. Du 1er janvier au 1er juin ou du 1er novembre au 1er mai.

Le régent ou maître d'école recevait, à cet effet, une somme qui variait entre 30 et 100 livres, payable en deux termes égaux.

Les deux tiers de cette somme étaient à la charge de la communauté, l'autre tiers à la charge des enfants.

L'école était faite dans l'habitation du régent, s'il demeurait dans le village. Dans le cas contraire, la salle de classe était louée pour l'année.

2 – Après 1800

Cet état de choses a duré jusqu'en 1834, époque à laquelle une école a été fondée à Montfort.

En 1836, le sieur Aguillon, maire de Montfort, vend à la commune, moyennant le prix de 400 francs, la maison qu'il possédait dans l'intérieur du village, pour servir de maison d'école. Elle a servi à cette destination jusqu'en 1845.

De 1846 à 1887, l'école a été faite dans une maison un peu plus vaste et mieux conditionnée que la commune avait achetée et appropriée à cet usage. Mais cette maison s'est trouvée, à son tour, insuffisante.

Le 15 mai 1879, sur la menace de l'inspecteur primaire de Sisteron de faire interdire cette maison d'école, par suite de sa mauvaise installation et de son exiguïté, le conseil municipal décide d'en faire construire une nouvelle sur le point le plus élevé du village, au quartier dit le Château.

Le sieur Paret, ancien agent voyer à Sisteron, fut chargé d'en dresser les plans et devis.

Ces plans et devis furent approuvés par le conseil municipal le 10 juillet 1880. Ils s'élevaient à la somme de 26.000 francs. Mais cette somme fut réduite par l'administration à 18.900 francs.

Le 18 octobre 1882, M. le ministre de l'Instruction publique accorde à la commune une subvention de 12.000 francs pour la construction de son école.

Un emprunt de 3.700 francs fut contracté par la commune, et, le 12 mai 1883, le conseil municipal vota 12 centimes additionnels pour l'amortissement de cet emprunt.

Il paraissait, dès lors, vraisemblable que les travaux pourraient commencer, sinon dans la même année, du moins dans le courant de l'année suivante. Il n'en fut rien, et voici pourquoi :

Un bon nombre d'habitants étaient hostiles à l'emplacement choisi par le conseil municipal.

Les habitants étaient si divisés à ce sujet que les élections municipales qui eurent lieu le 4 mai 1884 se firent sur cette question d'emplacement.

Les électeurs eurent à se prononcer entre la liste favorable et la liste hostile à l'emplacement choisi par le conseil municipal sortant.

Ce fut la liste hostile qui fut élue.

C'était la condamnation de l'emplacement projeté.

Le nouveau conseil, dans sa séance du 20 juillet 1884, choisit l'emplacement dit des Aires. Mais cet emplacement ne fut pas approuvé par l'autorité compétente.

On choisit alors l'emplacement dit de la Croix, qui devint définitif. On ne pouvait, d'ailleurs, trouver un meilleur emplacement.

Le sieur Richaud, conducteur des Ponts et Chaussées à Peyruis, fut chargé, le 28 février 1886, de dresser le nouveau projet, qui fut approuvé le 8 avril suivant.

Les travaux étaient évalués, par l'architecte, à la somme de 13.546,47 francs.

L'adjudication eut lieu le 9 mai 1886. Le sieur Tiran, boucher à Château-Arnoux, fut déclaré adjudicateur avec un rabais de 27 %. Ce rabais permit d'exécuter certains travaux non prévus, et notamment la construction d'une citerne contenant 207 hectolitres.

Les travaux, commencés le 30 du même mois, furent terminés à la fin de 1887. Ils se sont élevés à la somme totale de 14.288,59 francs. En y comprenant les honoraires de l'architecte (572,34 francs) et les acquisitions de terrains (422,58 francs), cette maison d'école revient à 15.283,51 francs.

Elle a été mise à la disposition de l'instituteur et des élèves le 1er octobre 1887.

3 – Instituteurs qui se sont succédé

Le plus ancien instituteur connu est un nommé Piche, qui a exercé ses fonctions jusqu'en 1838.

Viennent ensuite :

 

Reynoird,

de 1838 à 1840.

Gallissian,

de 1840 à 1847.

Burle,

de 1847 à 1855.

Escavy,

de 1855 à 1859.

Amayenc,

de 1859 à 1864.

Jauffred,

de 1864 à 1871.

Brémond,

de 1871 à 1887.

Maurel,

de 1887 à ce jour.

4 – Leur traitement

Depuis la fondation de l'école jusqu'en 1851, le traitement de l'instituteur était de 200 francs, plus la rétribution scolaire.

De 1852 à 1855,

il a été de

600 francs

En 1856,

«

400 francs

De 1857 à 1861,

«

500 francs

De 1862 à 1864,

«

600 francs

De 1865 à 1874,

«

700 francs

En 1875 et 1876,

«

800 francs

De 1877 à 1879,

«

1.000 francs

En 1880,

«

1.100 francs

De 1881 à 1884,

«

1.150 francs

De 1885 à 1887,

«

1.250 francs

De 1888 à 1893,

«

1.200 francs

De 1894 à 1899,

«

1.500 francs

5 – Leur situation au point de vue matériel et moral

Au point de vue matériel, leur situation était loin d'être brillante. Toutefois, les nombreux cadeaux qu'ils recevaient des habitants soulageaient considérablement leur maigre budget.

Au point de vue moral, leur situation était meilleure. La plupart des habitants étaient souvent obligés, par suite de leur ignorance, d'avoir recours à eux, soit pour leur correspondance, soit pour leurs affaires. Ils acquéraient ainsi une considération qui n'était nullement à dédaigner.

6 – Mode de chauffage de l'école

Avant 1870, le chauffage était à la charge des familles. Chaque élève apportait, le matin, une bûche plus ou moins grosse pour le chauffage de l'école.

Ce mode de chauffage était souvent insuffisant et donnait lieu à de nombreux abus. Il constituait, en outre, une incommodité pour les enfants.

On résolut donc de faire participer l'école aux coupes affouagères délivrées aux habitants. Mais la part de bois revenant à l'école était rarement suffisante pour les besoins de l'école.

On remédia à cet inconvénient en mettant à la charge de l'adjudicataire des coupes vendues chaque année la fourniture à l'école de six stères de bois et cent fagots.

4. RUINES

1 – Ancien château

Sur le point culminant du village, on aperçoit une vieille tour presque entièrement démolie, et, à côté, les restes d'une bâtisse carrée appelée la Poudrière.

C'est tout ce qui reste de l'ancien château détruit par le comte de Carcès, à l'époque des guerres de religion.

La Poudrière a 6,50 mètres de côté et une hauteur de 2,50 mètres. Mais elle a dû être beaucoup plus élevée. L'épaisseur des murs est de 1,65 mètre. A l'intérieur, elle a 3,20 mètres de côté.

La maçonnerie en est si solide qu'elle ne forme pour ainsi dire qu'un seul bloc.

A l'époque de la construction de la citerne communale, on a essayé de la démolir avec la pioche, mais on n'a pu y parvenir.

Elle porte les traces d'un bombardement acharné. Les angles extérieurs ont été abattus par le canon sur toute leur longueur. De gros pans de maçonnerie ont été enlevés et ont roulé à quelques mètres plus loin, sans se briser. Malgré l'épaisseur des murs, l'un d'eux a été percé de part en part. Ce n'est que par la brèche faite à ce mur qu'on peut pénétrer dans l'intérieur de la Poudrière, car il n'y a pas de porte.

2 – Anciennes fortifications

Ainsi que son nom l'indique, Montfort était autrefois un lieu fortifié. Le village, qui était plus petit qu'aujourd'hui, était entièrement entouré de remparts.

Ces remparts existent encore en partie au nord et à l'est du village.

3 – L'ancien village

La colline de Saint-Donat porte sur divers points des vestiges de constructions qui disparaissent peu à peu.

On y a découvert de nombreuses tombes autour de la chapelle, dans les champs et dans les bois. Un squelette a été trouvé sous les racines d'un chêne que l'on venait d'abattre. A côté de la tête se trouvait une ampoule.

On a également découvert des trous circulaires, en forme de jarre, mesurant 60 centimètres de diamètre, au sommet, sur 1,50 mètre de profondeur. C'étaient probablement des silos.

Tout cela indique que ce quartier était autrefois habité.

D'après la tradition, le village qui s'y trouvait portait le nom de Région ou Ragion.

On croit qu'il a été détruit par le feu. En effet, le nombre considérable de pierres brûlées qu'on y rencontre et la calcination de la terre, à plusieurs centimètres de profondeur, l'indiquent suffisamment.

4 – Le Couvent

On donne ce nom à une vaste excavation ayant 100 mètres de circonférence environ, et une profondeur de 5 à 6 mètres, située près de la Chapelle de Saint-Donat, sur le côté opposé du ravin.

On y voit les restes d'une construction qui devait s'étendre tout autour, à une assez grande distance, et former, à ce que l'on croit, un couvent. Ce couvent aurait été détruit vers le Xe siècle par les Sarrasins.

On y a découvert de nombreuses tombes et plusieurs ornements d'architecture remontant au Xe ou au XIe siècle.

5. MONUMENTS ANCIENS

1 – Ancienne église

Cette église, appelée Chapelle de Sainte-Madeleine, est située à 100 mètres environ au sud du village, près du cimetière. Elle a servi à la célébration du culte jusqu'à la construction de la nouvelle église, c'est-à-dire jusqu'en 1699.

Au-dessus de la porte se trouve, à l'intérieur, un tableau représentant une femme soutenue dans les airs par quatre anges. A droite, on lit les mots : « Sancta Maria Madalena », et, à gauche : « anno MCCCCC, XVIII mensis aprilis » (l'an 1500, le 18 avril). C'est sans doute la date d'une réparation, car le style de cette église annoncerait une construction plus ancienne. Elle date de la période romane, l'ogive apparaissant dans la voûte.

Elle va probablement être démolie pour servir à la construction d'un clocher.

2 – Chapelle Saint-Donat

A quatre kilomètres environ du village, dans le vallon solitaire de Saint-Donat, se trouve une vieille chapelle romane, plus vaste, plus belle, plus ancienne, et mieux conservée, que celle de Sainte-Madeleine. Elle a 23 mètres de long, 9 mètres de large et 12 mètres de haut.

Avant la Révolution, les habitants de Montfort s'y rendaient une fois par an en pèlerinage.

En 1793, on tenta de la démolir, mais on ne put parvenir qu'à enlever le toit et la partie haute des murs.

3 – Le Château

L'ancien château, détruit pendant les guerres de religion, a été reconstruit à une quinzaine de mètres plus loin, du côté du levant.

Rien ne le distingue, à l'extérieur, des autres maisons du village. Les différentes pièces qui le composent sont assez vastes et bien conditionnées, mais n'offrent rien de remarquable.

Le linteau en pierre de la porte du nord porte la date de 1574.

6. CONSTITUTION GEOLOGIQUE

D'après un géologue de Toulon (l'abbé Michalet), voici quelle serait la constitution géologique de la commune de Montfort :

De la Durance à Montfort, on trouve d'abord des alluvions quaternaires dues aux déplacements du lit de la rivière, puis un tertiaire d'eau douce, formé uniquement de poudingues, dont les noyaux calcaires, et parfois siliceux, sont réunis par un ciment très consistant.

A l'ouest du village, on rencontre un banc de calcaire cénomanien très compact. Ce banc fait place à des calcaires jaunâtres très marneux qui appartiennent encore au cénomanien, et qui reposent sur des marnes noires, dont les couches profondes renferment un grand nombre d'ammonites ferrugineuses et de bélemnites.

A ces marnes, fortement entamées par la dénudation, succède le néocomien, avec tout le développement qu'il a dans les Basses-Alpes.

7. CURIOSITES NATURELLES

1 – Banc de fossiles

Le banc de calcaire cénomanien, dont il est parlé dans le numéro précédent, est remarquable par son étendue et par la quantité énorme de fossiles qu'il renferme (Ostrea Columba). On en a compté près de cent dans moins d'un décimètre cube.

Ce banc n'occupe qu'une épaisseur de 50 à 60 centimètres, sur une longueur qui n'a pu être déterminée, mais qui dépasse certainement 6 kilomètres.

2 – Sorgues de Saint-Donat

Le ravin de Saint-Donat (le Mardaric) présente une particularité intéressante.

A l'époque des grosses pluies, des centaines de sources, appelées sorgues par les gens du pays, jaillissent dans le ravin et sur ses bords.

Ces sources débitent un volume d'eau considérable et s'élèvent quelquefois à une hauteur de 40 à 50 centimètres.

Leur température est plus élevée que celle des eaux environnantes. D'après des expériences récentes, elle serait de 14 à 15 degrés.

L'eau a une couleur verdâtre assez prononcée et n'a pas le même goût que l'eau ordinaire.

Il en a été expédié dernièrement un flacon à Marseille pour la faire analyser. Mais on ne connaît pas encore le résultat de l'analyse.

On m'a affirmé que ces sources jaillissent quelquefois sans qu'il survienne la moindre pluie. Ce serait, paraît-il, lorsque le vent du sud, qui, dans notre pays, amène la pluie, souffle plusieurs jours sans interruption. Mais il ne m'a pas encore été possible de m'en assurer.

Lorsque ces sources coulent, les gens du pays disent qu'elles veillent, et lorsqu'elles ne coulent pas, ils disent qu'elles dorment.

Certaines personnes disent qu'elles communiquent avec la mer ; d'autres qu'elles sont alimentées par un grand réservoir souterrain, plus ou moins profond. Ce sont là des suppositions fort peu vraisemblables.

8. BORNES DE LA COMMUNE

La commune de Montfort est bornée : au nord, par celle de Châteauneuf-Val-Saint-Donat ; à l'est, par celle de Château-Arnoux ; au sud-est, par la Durance, qui la sépare de la commune des Mées ; au sud, par la commune de Peyruis ; à l'ouest, par celles d'Augès et de Mallefougasse.

Elle a la forme d'un fer à cheval. La commune de Peyruis s'étend entre les deux branches.

9. SITUATION ET ASPECT

Le village de Montfort est bâti en amphithéâtre sur le versant méridional d'une colline de 500 mètres d'altitude environ.

Vu de loin, il paraît être assez important, mais un grand nombre de maisons sont inhabitées et tombent en ruines.

La plupart des rues sont si rampantes qu'on a été obligé d'y faire des escaliers en pierres de taille.

On jouit, de ce village, d'une vue splendide. L'œil embrasse une vaste plaine traversée par la Durance, et s'étendant de Malijai à La Brillanne. En face, et de l'autre côté de la Durance, on aperçoit la ville des Mées et ses rochers imposants.

10. ALTITUDE

Le minimum d'altitude de la commune de Montfort est de 453 mètres, le maximum, de 662 mètres.

L'altitude moyenne est de 557 mètres.

11. HYDROGRAPHIE

La commune de Montfort ne possède aucun cours d'eau, bien qu'elle soit sillonnée de nombreux ravins.

La Durance la limite du côté du sud-est, mais elle ne peut en arroser aucune partie.

Elle est pourtant traversée, en partie, par le canal de Manosque, mais comme il ne passe qu'à quelques mètres de la rivière, il ne peut arroser aucune propriété.

Les fontaines sont rares et d'un faible débit. Aussi, elles tarissent souvent en été. On a alors recours aux puits et aux citernes, qui ont été tenus en réserve, en prévision du manque d'eau. Mais, quand la sécheresse dure trop longtemps, les puits et les citernes s'épuisent, et les habitants sont obligés de faire des centaines de mètres pour se procurer l'eau nécessaire.

Il leur est arrivé plus d'une fois d'avoir été forcés de s'approvisionner dans la Durance, située à plus de 2 kilomètres du village.

Il n'y a aucune fontaine dans le village.

La plus rapprochée est à 100 mètres environ au-dessous du village.

Elle sort d'un vaste réservoir cimenté construit en 1678.

En raison de sa situation, non loin du cimetière, son eau est loin d'être pure. De plus, elle est souvent insuffisante, et même à sec, principalement en été.

Aussi, la commune a fait construire, en 1879, une citerne publique, dans l'intérieur du village, qui contient 1.000 hectolitres et qui a coûté 5.041 francs.

Dans sa session de février 1899, le conseil municipal a pris l'initiative d'un projet qui produirait un bien immense s'il était réalisé.

Il s'agit d'un projet d'irrigation de la plaine de Montfort.

Sur la demande du conseil municipal, monsieur l'ingénieur en chef du Service hydraulique s'est rendu sur les lieux, et a constaté la possibilité d'arroser cette plaine au moyen d'une machine élévatrice (noria), qui puiserait l'eau dans le canal de Manosque ou dans la Durance. Il serait même possible, paraît-il, de faire parvenir au village un filet d'eau suffisant pour les besoins journaliers des habitants.

Il est à souhaiter que ce projet aboutisse.

12. CLIMAT

Le climat de Montfort est très sain et relativement assez doux. L'air y est pur et sec, à cause des vents, pour ainsi [dire] permanents, qui y soufflent. Aussi, les maladies épidémiques y sont excessivement rares.

Le mistral y fait trop souvent sentir ses pernicieux effets.

Il n'y tombe que très peu de neige. Les hivers sans neige y sont même fréquents. Mais, en tomberait-il abondamment, elle ne tarderait pas à fondre, par suite de la douceur du climat et de la nature du terrain.

Le village étant bâti sur un terrain rocheux et très en pente, l'eau des pluies et des neiges s'écoule rapidement et ne forme point de boue. Aussi, l'humidité n'y est pas à craindre.

Le séjour de Montfort convient admirablement aux personnes anémiques ou fatiguées de la poitrine. L'expérience en a été faite bien des fois. J'en suis moi-même une preuve : arrivé à Montfort en 1887, à peine sorti d'une longue maladie qui, ordinairement, ne pardonne pas, j'ai recouvré peu à peu mes forces, malgré les quarante élèves que j'avais alors.

Il y aurait, à Montfort, toutes les conditions hygiéniques exigées pour l'établissement d'un sanatorium ou d'une maison de convalescents.

13. SUPERFICIE

La superficie totale de la commune de Montfort est de 1.206 hectares.

Sur ce nombre, 294 hectares seulement sont cultivés ; 214 hectares sont en bois ; 69 hectares sont occupés par les ravins, les chemins et les propriétés bâties. Le reste, 629 hectares, représente la superficie inculte (pâtures, bruyères, terres vagues).

La partie inculte représente plus de la moitié de la superficie totale de la commune. Elle s'augmente progressivement, par suite de la dépopulation et des dégâts occasionnés par les pluies, par les orages, et même par les inondations.

C'est ainsi qu'une inondation de la Durance, survenue vers la fin de 1791, ou au commencement de 1792, emporta les jardins et les prairies situés le long de cette rivière. C'étaient les meilleurs terrains de la commune et les seuls arrosables.

Le dommage causé par cette inondation fut évalué à 1.864 livres.

14. VOIES DE COMMUNICATION

La commune de Montfort est traversée, à 40 ou 50 mètres de la Durance, par le chemin de fer de Marseille à Gap, entre la gare de Saint-Auban et celle de Peyruis-Les Mées.

La gare la plus rapprochée est celle de Saint-Auban, située dans la commune de Château-Arnoux. Elle est à 3 kilomètres environ du village de Montfort. Mais le chemin qui y conduit est très mauvais, et difficilement carrossable.

Aussi, les habitants préfèrent-ils, généralement, se rendre à la gare de Peyruis-Les Mées, dont la distance est de 4 kilomètres et demi. Mais le chemin est beaucoup plus beau.

La Route nationale n° 96, de Toulon à Sisteron, traverse la commune, à 200 mètres environ au sud du village. Cette route n'a été construite qu'en 1838. Elle a remplacé l'ancienne route de Manosque à Sisteron passant par Saint-Donat et la Combe.

Sur le tracé de cette dernière route, ou non loin de là, la commune de Châteauneuf-Val-Saint-Donat fait actuellement construire un chemin aboutissant au chemin de grande communication de Mallefougasse aux Mées, et destiné à relier directement cette commune à celle des Mées.

On raconte qu'un évêque, passant autrefois sur cette route, ne put trouver un cheval de renfort pour franchir une montée rapide, située près de Saint-Donat, et qu'obligé de retourner sur ses pas, il jura de faire changer le tracé de la route. C'est ce qui eut lieu, en effet, peu de temps après. On la fit passer au pied du bois de Louvière et au quartier des Constances. Elle fut de nouveau abandonnée après la construction de la route nationale n° 96. Elle a passé au rang de chemin vicinal ordinaire (chemin vicinal ordinaire de Châteauneuf-Val-Saint-Donat à Peyruis). Elle avait été pavée au moyen de grosses pierres plates posées de champ. Ce pavage existe encore en partie.

Le chemin de grande communication n° 1 de Seyne à Apt, annexe sur Peyruis (chemin de Mallefougasse aux Mées et à Peyruis), traverse une partie de la commune, du côté de Saint-Donat.

Les chemins vicinaux ordinaires de la commune sont les suivants :

N° 1

De Châteauneuf-Val-Saint-Donat à Peyruis.

N° 2

De Montfort à la route nationale n° 96.

N° 3

De Montfort à Châteauneuf-Val-Saint-Donat.

N° 5

De Mallefougasse à Peyruis.

N° 6

De Montfort à Peyruis.

Depuis quelques années, la commune a beaucoup amélioré ses chemins.

Il y a trente ans, les charrettes et les voitures ne pouvaient arriver jusqu'au village. Aujourd'hui, elles peuvent y venir lourdement chargées, même jusqu'au point culminant.

De nouveaux chemins ont été construits.

D'autres ont été rectifiés ou profondément améliorés, si bien qu'aujourd'hui aucun d'eux ne laisse à désirer et qu'il n'y aurait aucune utilité à en augmenter le nombre.

Aussi, la commune y a consacré des sommes considérables, principalement depuis 1882.

Cette année-là, elle a fait un emprunt de 4.400 francs pour la rectification du chemin de Montfort à Châteauneuf-Val-Saint-Donat, dont le projet s'élevait à 20.500 francs. Les travaux de rectification ont eu lieu en 1885.

Divers autres travaux moins importants ont été exécutés aux dates suivantes :

En 1890, rectification du chemin vicinal ordinaire n° 1, aux abords du pont de Saint-Jean ;

En 1891, rectification d'un tournant aux abords du village et construction d'un parapet ;

En 1894, construction d'un mur de soutènement et d'un parapet, près de la maison Ailhaud ; construction d'un parapet à l'entrée du village.

Que de progrès ont été accomplis dans le pays et aux environs, sous le rapport des voies de communication, depuis l'année 1722, où le consul Gaspard Girard va un jour à Volonne pour voir s'il partait quelque radeau pour envoyer un député à Aix, attendu qu'on ne pouvait encore aller sur terre à ladite ville ! (Parcelle des vacations du consul.)

15. CARRIERES

Il existe à Montfort deux carrières de pierres de taille. L'une est située au quartier des Constances, sur le chemin de Montfort à Châteauneuf-Val-Saint-Donat, et l'autre dans le ravin de Saint-Donat, près du chemin de grande communication n° 1.

Mais ces carrières sont peu importantes et peu exploitées.

16. BOIS COMMUNAUX

Les bois communaux de Montfort sont tous soumis au régime forestier.

La délimitation en a été faite en 1839 par les sieurs Pascalis, garde général des forêts à Sisteron, et Ricard, arpenteur forestier.

La superficie totale de ces bois est de 519 hectares 11 ares.

Ils comprennent trois massifs distincts, savoir : 1° Tourdeau ; 2° La Cadenière ; 3° Herbes-Noires, Grand-Bois, Défends, Verneiron, Louvière.

Ils sont formés de 6/10e de chênes rouvres, 2/10e de chênes yeuses et 2/10e de pins sylvestres.

Le sol, généralement peu profond, est argilo-calcaire.

La forêt est divisée en deux séries. La première, entièrement peuplée en chênes yeuses, comprend les cantons de Louvière et de La Cadenière, avec une superficie de 116 hectares 40 ares. Elle est aménagée en taillis simple à la révolution de vingt ans.

La deuxième série, dont la contenance est de 402 hectares 71 ares, y compris 129 hectares 78 ares formant le quart en réserve, comprend les cantons de Verneiron, Défends, Grand-Bois, et une partie de celui des Herbes-Noires. Elle est aménagée en taillis sous futaie, à la révolution de vingt-cinq ans.

Les bois constituent le principal revenu de la commune de Montfort. Elle vend chaque année une coupe ordinaire qui lui rapporte de 1.000 à 1.200 francs.

En outre, une coupe affouagère est délivrée annuellement aux habitants.

Le pacage des bêtes à laine n'est autorisé, dans les coupes communales, qu'à partir de l'âge de onze ans. Le conseil municipal a demandé, à différentes reprises, que cet âge fût abaissé à six ans. Mais l'administration forestière a toujours refusé.

17. ARBRES FRUITIERS

On ne trouve guère, à Montfort, en fait d'arbres fruitiers, que des oliviers, des amandiers et des figuiers.

Les cerisiers, les pruniers, les poiriers, les pommiers, les pêchers et les abricotiers sont très rares.

Les noyers, qui étaient autrefois assez nombreux, ont complètement disparu.

18. AGRICULTURE

L'agriculture a fait, depuis quelques années, des progrès assez sensibles à Montfort. Les méthodes de culture se sont améliorées ; les jachères ont à peu près disparu ; les engrais chimiques sont en honneur et employés selon les indications de la science agricole.

Néanmoins, la routine n'a pas encore complètement disparu.

Ainsi, les fumiers sont généralement mal soignés. Il n'est pas rare de voir le purin se perdre dans les rues.

Le sol est argilo-calcaire et, sauf dans la plaine, peu profond. Aussi, la sécheresse s'y fait bientôt sentir, et les récoltes manquent souvent, faute de pluie.

L'assolement biennal est à peu près le seul en usage à Montfort.

Les principales cultures du pays sont le froment, le seigle, l'avoine, les pommes de terre, les betteraves, les haricots, les vesces et le sainfoin.

Les plantes potagères ne réussissent généralement pas à Montfort, par suite du manque d'eau.

La vigne a presque complètement disparu. On replante, il est vrai, mais au bout de quatre ou cinq ans, les nouvelles vignes sont atteintes, à leur tour, et ne tardent pas à périr. Aussi, cette perspective n'encourage pas les vignerons à replanter.

Avant l'apparition du phylloxéra, la vigne était la principale culture de la commune, celle qui produisait le plus. Le vin de Montfort était renommé, et il s'en vendait des quantités énormes. Aujourd'hui, il ne s'en vend plus un seul hectolitre. La récolte ne suffit même plus aux besoins des habitants. Beaucoup de propriétaires sont obligés d'en acheter.

La récolte moyenne est de 15 à 20 hectolitres par an.

Les olives et les amandes constituent, actuellement, avec le blé, les ressources les plus importantes des habitants.

Il existe à Montfort deux moulins à huile d'olive. L'un se trouve dans l'enceinte du village et l'autre dans le domaine du Jas-Vieux, appartenant aux religieuses franciscaines.

On n'y trouve point de moulin à farine. Les habitants vont faire moudre leur blé aux Mées ou à Château-Arnoux. Avant 1377, il y en avait un dans le ravin du Fournas. Il a donné son nom au quartier où il se trouvait : quartier du Moulin.

19. SERICICULTURE

Depuis l'établissement des primes à la sériciculture, l'industrie séricicole s'est considérablement développée à Montfort.

En 1896, vingt-deux propriétaires ont mis en incubation 548 grammes de graines de vers à soie, qui ont produit 1.262 kilogrammes de cocons. Ces cocons ont été vendus au prix moyen de 4,50 francs le kilogramme, ce qui a donné la somme de 5.679 francs, non compris la prime, qui s'est élevée à 631 francs.

Au total, c'est une somme de 6.310 francs que ces vingt-deux propriétaires ont reçue, soit, pour chacun, 286,80 francs en moyenne.

C'est l'année où le rendement a été le plus élevé.

En 1897 et 1898, le nombre des éducateurs n'a été que de seize, et la quantité de graines mises en incubation n'a pas atteint 400 grammes.

En 1899, le nombre des éducateurs est remonté à vingt-deux, et le nombre de grammes de graines mises en incubation s'est élevé à 574. Au moment où j'écris, les cocons ne sont pas encore formés.

Cette industrie serait assez rémunératrice si l'on n'était obligé d'acheter la feuille de mûrier et d'aller la chercher sur place, à une distance de huit ou dix kilomètres. Il arrive même parfois, comme cette année-ci, que la feuille manque aux environs et qu'on ne peut s'approvisionner qu'à trente ou quarante kilomètres.

Aussi, depuis quatre ou cinq ans, les propriétaires font d'importantes plantations de mûriers. Ces arbres étaient à peu près inconnus, à Montfort, avant 1880. La campagne du Jas-Vieux, seule, en possédait quelques-uns.

20. ANIMAUX SAUVAGES

Les animaux sauvages sont peu nombreux dans la commune.

On n'y rencontre guère que des renards, des blaireaux, des lièvres, des lapins.

Les renards font beaucoup de ravages dans les poulaillers des maisons isolées.

Les lièvres et les lapins deviennent, d'année en année, de plus en plus rares, par suite de la destruction qu'en font les nombreux chasseurs de la contrée.

De temps à autre, quelque sanglier solitaire s'égare dans nos bois ; mais, traqué de tous côtés, il ne tarde pas à disparaître.

En fait de gibier, on rencontre encore, outre les lièvres et les lapins, des perdrix, des grives et quelquefois des canards sauvages.

21. ANIMAUX DOMESTIQUES

On n'élève, dans la commune, que les animaux de la race ovine, de la race caprine et de la race porcine.

Voici le nombre approximatif de ces animaux existant dans la commune en 1899 :

Moutons et brebis

1.200

Chèvres

50

Porcs

100

Les autres animaux domestiques sont les suivants :

Chevaux

8

Juments

3

Mulets

4

Mules

23

Anesses

2

Autrefois, les bœufs étaient assez nombreux. Il n'y en a plus un seul aujourd'hui.

22. POPULATION

D'après les registres des délibérations du conseil municipal, la population de Montfort n'était que de 95 habitants en 1749, et 32 seulement en 1760.

En 1791,

elle était de

196 habitants

En 1810,

«

174 habitants

En 1881,

«

180 habitants

En 1886,

«

189 habitants

En 1891,

«

151 habitants

Et en 1896

«

148 habitants

Dans l'espace de cent ans, c'est-à-dire de 1791 à 1891, la population a diminué de 45 habitants.

De 1886 à 1896, la diminution a été bien plus sensible. Elle a été de 41 habitants.

Cette diminution provient de l'émigration et de l'excédent du nombre des décès sur celui des naissances.

De 1886 à 1896, le nombre des naissances n'a été que de 23 ; celui des décès s'est élevé à 37, soit un excédent de décès de 14. (1)

Les familles sont généralement peu nombreuses. Aucune n'a plus de 4 enfants. Sur 41 familles que compte la commune, 16 n'ont qu'un seul enfant ; 12 en ont 2 ; 9 en ont 3 et 4 en ont 4.

Aussi, la population scolaire, qui était, il y a douze ans, de 35 élèves, n'est plus aujourd'hui que de 17.

D'après le recensement de 1896, la population agglomérée est de 58 âmes, et la population éparse, de 90 âmes.

C'est une population exclusivement agricole. On ne compte pas un seul artisan dans la commune.

Les habitants de Montfort sont désignés, dans les communes limitrophes, sous le nom de Mal Fondus, on ne sait trop pourquoi.

(1) 383 pour 2009. (note du rédacteur du site).

23. NOMS DES MAISONS DE CAMPAGNE

Le nombre des maisons de campagne est de 24, mais 19 seulement sont habitées actuellement.

En voici leur énumération, en allant du sud au nord et de l'est à l'ouest, ainsi que leur distance du chef-lieu de la commune.

1.

Le Moulin (2 maisons)

à

1.100 mètres du chef-lieu

2.

La Grande-Route

à

700 mètres du chef-lieu

3.

Les Alexis

à

750 mètres du chef-lieu

4.

Le Jas-Vieux

à

1.000 mètres du chef lieu

5.

Les Ponches

à

1.500 mètres du chef lieu

6.

Le Plan

à

500 mètres du chef-lieu

7.

Le Jas-de-Civis

à

450 mètres du chef-lieu

8.

Le Jas-de-Ricaud

à

200 mètres du chef-lieu

9.

Moulés

à

300 mètres du chef-lieu

10.

La Grange

à

500 mètres du chef-lieu

11.

Le Grangeon

à

400 mètres du chef-lieu

12.

Bélet

à

900 mètres du chef-lieu

13.

Chante-Puvine

à

1.000 mètres du chef-lieu

14.

La Belle-Etoile

à

1.500 mètres du chef-lieu

15.

Fournieux

à

2.000 mètres du chef-lieu

16.

La Combe (2 maisons)

à

2.500 mètres du chef-lieu

17.

Le Claux (2 maisons)

à

1.500 mètres du chef-lieu

18.

Moulières

à

2.000 mètres du chef-lieu

19.

Saint-Donat

à

2.000 mètres du chef-lieu

20.

Tourdaux

à

4.000 mètres du chef-lieu

21.

Ponfige

à

800 mètres du chef-lieu

24. COMMERCE

Il n'existe pour ainsi dire pas de commerce à Montfort.

On peut signaler cependant le commerce des bestiaux : moutons, brebis, agneaux, porcs ; celui du blé, des amandes et des olives.

On n'y trouve que deux épiciers, un cafetier et un débitant de tabacs.

Les principaux débouchés pour le commerce sont les villes de Sisteron et des Mées.

25. DISTANCES KILOMETRIQUES

Montfort est situé à :

9 kilomètres

de Volonne, son chef-lieu de canton ;

19 kilomètres

de Sisteron, son chef-lieu d'arrondissement ;

30 kilomètres

de Digne, son chef-lieu de département.

La commune est desservie par le bureau de poste de Château-Arnoux, situé à 5 kilomètres.

26. SITUATION FINANCIERE EN 1899

 

Contribution foncière propriétés bâties

94,58 francs

Contribution foncière propriétés non bâties

1.658,37 francs

Contribution personnelle mobilière

378,94 francs

Contribution des portes et fenêtres

158,60 francs

Contribution des patentes

97,07 francs

Total

2.387,56 francs

Revenus ordinaires

1.779 francs

Valeur du centime

12 francs

Centimes additionnels

27 francs

Dette

4.920 francs

Une partie de cette dette sera éteinte en 1913, et l'autre partie en 1916.

--- Texte scannérisé par J. P. Audibert

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