Pastis de chez Nous: Henri Bardouin.

« Quand on ouvre la bouche, c'est pour boire un pastis ou pour dire une vérité.  » Marcel Pagnol.

A l'origine le mot « Pastis » veut dire : pâté, pétrin puis la signification passa au sens de : mélange. Il est un apéritif, terme qui apparaît déjà au XIV ° s. mais dans un sens médical, c'est seulement au XIX ° s. qu'il va prendre le sens qu'on lui connaît, il va alors désigner une boisson alcoolisée, chargée d'ouvrir l'appétit.

Le Pastis est né en 1915 lorsque l'absinthe fut interdite. Avant cette date, elle était seulement taxée et cela depuis 1907. Jean Yves Royer, notre historien, nous dit, dans son livre : « Un Alambic au pied de la Montagne  » « en 1845, on voit les cafetiers de Forcalquier recevoir (de Nîmes) la dite liqueur, livrée en barils » , il parle de l'absinthe. Pour pallier cette interdiction, les distilleries ont essayé de faire de l'alcool sans l'employer et en essayant de développer le goût d'anis (l'absinthe ayant comme base la plus connue : l'anis), c'est ainsi que l'on arriva à ce que l'on connaît aujourd'hui : le pastis à base d'anis auquel on a rajouté de la réglisse.

Puis vint en 1935, la « distillerie de Lure » qui faisait son propre pastis : le « Paulanis », cette distillerie connut différents noms dont le dernier est : « les distilleries et domaines de Provence » fut fondée en 1898. Avant celui que l'on connaît, Henri Bardouin inventa un autre pastis : « le Diamant ». Il reprit cette recette, rajouta quelques herbes, dont chacun se servait pour faire sa propre boisson (je revois ma mère avec une toute petite bouteille d'herbes infusées qu'elle versait dans plusieurs litres d'alcool, venant de Reillanne, qu'elle laissait derrière une vitre au soleil durant plusieurs mois et qui prenait une belle couleur verte) et créa « l'Occitanis ».

La dénomination du pastis que l'on connaît de nos jours se veut être un hommage à une personne : Henri Bardouin puisque celui-ci disparut en 1979 alors que la boisson alcoolisée qui porte son nom n'apparut qu'au cours de l'année 1990.

Le pastis Henri Bardouin se sert de vielles méthodes que l'on pratiquait en Haute Provence en y ajoutant des plantes et des épices venues du monde entier. Sa composition comporte plus de 65 ingrédients. Voici les principales plantes le composant. Tout d'abord, honneur aux plantes de chez nous : thym, romarin, sarriette, sauge, le tout ramassé sur les terres du pays de Forcalquier, ensuite, l'anis étoilé et sa badiane qui vient de Chine, la réglisse de Syrie, l'armoise qui lui donne une petite couleur verte et une pointe d'amertume, la cardamone qui vient de l'Inde ainsi que le poivre blanc et noir amenant une saveur épicée en fin de bouche, la fève de Tonka ou « faba tonka » provenant d'Amérique du Sud, c'est elle qui renforce la saveur de l'ensemble, la cannelle venant de Ceylan qui adoucit le piquant que donne les poivres, la muscade qui est importée des Moluques ainsi que le clou de girofle.

Ces plantes, séchées, sont mélangées à de l'alcool, chacune, avant, ayant été distillée et infusée, elles sont alors assemblées. C'est un śnologue qui va procéder à la touche finale, en particulier à la dégustation, puis on va procéder à la mise en bouteille

Ce pastis reçut la médaille d'or du concours agricole en 2008. Comme c'est un pastis de dégustation, il demande, pour exhaler tous ses parfums, à être plus allongé d'eau que ses confrères.

C'est une gloire de chez nous mais il faut en user avec modération (ou pas) comme il est dit habituellement.

 

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bibliographie : livre qui raconte l'histoire de la "distillerie de Lure" et de ses produits. Par J. Y Royer.

-----L'auteur du site : J. P. Audibert