La cathédrale de Forcalquier:
La ville de Forcalquier eut le privilège d'avoir une cathédrale ou plutôt une con-cathédrale (fait unique en France) puisqu'elle était le chef lieu, à l'égal de Sisteron, du diocèse de cette partie de la Provence. C 'est ainsi que ces deux villes furent à la tête du même évêché depuis 1061. Privilège qui fut confirmer par deux papes : Adrien IV et Alexandre III.
L'évêque résidait à Sisteron mais Forcalquier avait un chapitre composé de douze chanoines, de neuf bénéficiers et d'un prévôt épiscopal. Pourquoi cette promotion ? Parce qu'un évêque (Gérard II) qui avait été nommé pour être à la tête du diocèse de Sisteron fut repoussé par cette ville qui lui ferma ses portes, alors qu'il revenait de Rome après avoir reçu l'onction papale ; il vint alors se réfugier à Forcalquier où il fut reçut particulièrement bien, le comte fut heureux de profiter de l'occasion pour s'allier la personne qui partageait avec lui le pouvoir sur les esprits de ses sujets, en un mot, il profita de l'aubaine pour faire d'un concurrent du pouvoir son obligé. Pour remercier de cet accueil chaleureux, Géraud ou Gérard accorda à la ville les mêmes prérogatives qu'à celle de Sisteron ; tout cela se passait après un épisode qui vit s'affronter deux hommes : Pierre I (homme de la famille de la noblesse qui possédait la ville) et Gérard I pour le titre épiscopal. Le premier siégeait à Sisteron, le second à Forcalquier ; c'est l'abbé de Cluny qui mit un terme à cet affrontement lors d'un concile provincial qui se tint en Avignon. Les évêques de cet évêché furent élus par un vote égal entre les chanoines de Sisteron et ceux de Forcalquier, c'est à dire comme on le disait à l'époque entre le Haut Diocèse et le Bas Diocèse.
L'église Saint Mary, sur la butte, juste en dessous du château comtal sera la première cathédrale ? Elle aurait été fondée au début du XI ème siècle par l'évêque Frondon. Pourquoi ce nom ? Parce qu'elle avait recueilli les restes d'un Saint, Saint Mary, abbé du monastère de Bodon proche du Val Benoit dans le diocèse de Sisteron ; de cette ville, ses ossements avaient été transportés à l'église de Forcalquier, plus sure, pour leur épargner le vandalisme résultant d'une possible invasion sarrasine, c'est ainsi qu'il donna son nom à la future cathédrale qui avait été la chapelle du château comtal (il ne reste plus, aujourd'hui, que quelques fragments d'os déposés dans une chasse en laiton – renseignement donné par le livre de J.Y. Royer : « Forcalquier », la chasse est en métal doré et est à l'entrée à droite dans l'église). Petit à petit, la ville se déplaçant vers le bas de la colline à laquelle elle est adossée, la cathédrale vint à ne plus avoir une grande fréquentation. Les reliques du Saint furent déposés, en 1486, à Notre Dame du Bourguet qui devint, alors, la cathédrale (15 avril).
L'église Saint Mary, après avoir été dépouillée de son titre continua de fonctionner avec une messe par dimanche, elle se nomma, alors, « Notre Dame de Castel ». Puis, il n'y eut plus aucun office, elle tomba en ruines au cours du XVI° siècle. Au XVII° s., ces vieilles pierres au milieu d'un terrain nu furent vendues à un particulier qui voulut y planter des oliviers mais dut abandonner son idée devant le scandale qu'il déclancha. De nos jours, seuls apparaissent les vestiges du porche et d'un mur gouttereau mais une campagne de fouilles a été entreprise en 2007 (juillet) pour en retrouver d'autres, mais est ce que l'argent nécessaire sera, lui aussi, retrouver ?
La construction primitive de Notre Dame du Bourguet date du XI ° s., certains se demande si elle ne remplace pas un édifice encore plus ancien, ce n'était, alors, qu'un modeste monument qui prit une certaine ampleur notamment avec l'évêque Bernard d'Anduze au XII ° s. A l'origine, l'église avait la forme d'une croix et n'était composée que d'une nef, ce n'est qu'au XVII ° s. qu'elle fut dotée de nefs latérales pour celle qui regarde vers la place vieille, elle fut construite sur l'ancien cimetière. Pour ce qui est de la datation de ce que l'on voit aujourd'hui, on peut rajouter que la nef est de la fin du XII ° s., le transept, le chevet de la seconde moitié du XVIII ° s. et le clocher du tout début du XVII ° s. tandis qu'à l'arrière la grande et grosse tour reçut un deuxième étage. Le sol de la nef fut rehaussé de deux mètres pour être de niveau avec la place du Bourguet.
Au Moyen-âge, Forcalquier comptait quatre paroisses et cela jusqu'en 1415, date à laquelle, il n'y en eut plus qu'une seule, Notre Dame du Bourguet ou aussi appelée Notre Dame du Marché parfois aussi nommée Saint Mary, du nom de sa grande soeur, elle se retrouva la seule église de la ville et faisait aussi office de concathédrale. Cette église, contrairement à bien d'autres, n'en occupait pas le centre mais se retrouvait à une de ses extrémités où elle servait d'ouvrage de défense, étant incluse dans les remparts. Et c'est ainsi qu'on put voir jusqu'en 1882, sur le mur nord de sa nef (celui qui regarde vers le Bourguet) une architecture militaire (mâchicoulis, bretèches, etc.). C'est un édifice qui mélange le style roman et le début du gothique, il annonce ce qui sera pour certains le « gothique méridional ». Comme beaucoup d'autres églises, elle fut transformée en "temple de la raison" durant la révolution puis en grenier à fourrage avant de revenir à sa destination première.
Son portail quant à lui est purement gothique, ses colonnes sont faites de pierres de Mane et ses sculptures taillées dans du granit provenant de Fontienne. La toiture fut changée lors de travaux au XX ° s., les bas cotés comme le reste de l'église furent recouvertes de lauzes du Revest Saint Martin, jusqu'alors, la toiture était faite de tuiles. Le premier orgue, l'ancêtre de celui d'aujourd'hui qui joue lors des concerts dominicaux durant la saison d'été, fut installé en 1627. En ce qui concerne la chaire qui a perdu son escalier, elle est en noyer et remonte au XVII ° s. Il existe une vierge en bois polychrome provenant de Notre Dame de Fougères, la statue de Saint Pancrace provient, à une date toute récente, de la chapelle du même. Comme beaucoup de lieu du culte, elle fut incendiée au cours des guerres de Religion (1562).
Eglise Saint Mary :
Ce qui suit n’est qu’un simple résumé d’un travail effectué sous la direction de Mariacristina Varano, archéologue à l’Université de Provence (Aix-Marseille I) qui s’est déjà intéressé à la ville de Forcalquier et à des villages du département. Le reste n’est du qu’au fil des lectures de l’auteur du site.
Cette église est connue car, au même titre que celle de Sisteron, elle fut cathédrale depuis 1066 et c’est au XVI° siècle que les offices cessèrent d’y être célébrés, ses ruines furent vendues au XVIII° siècle, le sol ainsi dégagé immédiatement couvert de cultures. Elle faisait office de siège épiscopal mais c’était une église sans évêque. Son ancien nom était Notre Dame du Château. Les ruines de cette église se trouvent sur la colline de la citadelle, sur son coté oriental. On n’a plus d’elle que son porche, un morceau d’un mur gouttereau (mur sur lequel il y a un chéneau permettant à l’eau de pluie de rejoindre les égouts ou tout simplement le sol), une partie de l’abside laissant voir une baie en plein cintre et la moitié d’une autre. Elle avait une longue nef (30 m.) qui était divisée en trois travées de dimensions inégales ; la première était très courte, la deuxième était délimitée grâce à des piliers à redents (décoré, en leur sommet, de moulures en forme de dents). Au niveau de ce qui reste du mur gouttereau, on a pu constater un dénivelé important entre l’intérieur et l’extérieur. On a trouvé, aussi, deux caveaux au niveau du centre de la nef et, à l’extérieur, il a été mis à jour des tombes datant, certainement, du XIV et XV° siècle. Entre la seconde et troisième travée, le niveau du sol présente une différence de près de 25 cm. Enfin, on arrive au bout du bâtiment, voici le chœur, il a une forme allongée d’à peu près 6 mètres, bien que sa conception fut unique, elle fut réalisée en plusieurs fois.
Cette église parait avoir eu des dimensions modestes pour ce qui devait être une cathédrale.
Elle donna lieu à quatre campagnes de fouilles archéologiques entre 2004 et 2007.