Ganagobie et son plateau :
---- Plan du au site Persée : https://www.persee.fr/doc/mar_0758-
Le plateau domine la Durance de 350 mètres et est formé d’une roche sédimentaire détritique : la Molasse, sa bordure est faite de falaises qui ont en leur sein des grottes ayant servies de refuge aux maquisards lors de la Seconde Guerre Mondiale. Cette pierre a emprisonné des grains de sable, englués dans un ciment calcaire, par leur rugosité, ils ont permis la construction de meules, il y avait trois carrières dont on extrayait la pierre pour faire ces meules, l’une près de la chapelle dite de Saint Martin, une autre au bout de l’allée de Forcalquier et la dernière près de la Fontaine aux Oiseaux. Ces meules devaient servir dans des moulins à huile ou, pour les plus petites, à un usage domestique (broyage des céréales etc.). C’est aussi de cette pierre qu’est construit le monastère. Le plateau est divisé en deux parties : « le pays habité » qui se trouve coté Durance et « le pays vide ». Il semblerait que l’occupation par les hommes remonte a Néolithique. Dans les temps anciens, l’accès au plateau se faisait par l’Est, on y montait par un chemin caladé dont on voit encore quelques traces sur une dizaine de mètres qui aboutissait aux pieds du monastère (au Nord) De nos jours, une route goudronnée y mène, elle a été construite en 1953. Bien qu’apparemment plat, le plateau n’en est pas moins incliné vers le Sud-est. Autre remarque, l’espace existant entre l’arrivée de la route goudronnée et le monastère est une ancienne garenne où les lapins étaient élevés en totale liberté. On pense qu’au VIème siècle, il y avait deux fermes, une à l’emplacement où l’on voit, aujourd’hui, le monastère, l’autre là où il y a, maintenant, les ruines de VilleVielle. On découvre ; par ci par là, des espèces de bloc de pierre, taillé par l’homme, des « aiguiers » qui servaient à récupérer l’eau de pluie.
---- Aiguier. Images provenant du site : http://les-cahiers-du-sud.eklablog.com/le-plateau-de-ganagobie-a132259960
L’eau ayant toujours été un problème pour les habitants du plateau malgré la présence de deux sources près du monastère. En plus de VilleVielle dont je vais parler et que l’on évoque seulement depuis le XIXème siècle, on comptait trois autres villages sur le plateau, le plus ancien datait du Haut Moyen-âge, il se trouvait au centre, autour de l’église St. Martin (en ruines à notre époque) dont on n’est pas très sur de l’appellation, aux abords, on a retrouvé des sépultures médiévales, un autre se rencontrait entre VilleVielle et la chapelle dont nous venons de parler (selon les archéologues, on peut le faire remonter au Xème ou XIème siècles), le dernier était de part et d’autre de l’allée de Forcalquier (on ne peut le dater).
VilleVielle : Villa de Podio - castrum seu villam de podio.
Le village se situe à l’extrémité Nord du plateau. Pour le protéger, on a bâti qu’un seul rempart qui barre tout le plateau en cette extrémité, les autres cotés étant protégés par les à-pics des falaises environnantes. Ce rempart a 120 mètres de long, une hauteur variable avec une moyenne de 5 mètres et une épaisseur de 1,5 mètre. Il a été construit à la chaux grasse ce qui lui conférait une grande solidité. Bien qu’il soit difficile d’avancer une date d’implantation du village, on peut faire remonter la construction de son rempart entre 1206 et 1220. Il joint les deux bords du plateau mais n’englobe pas toutes les maisons. Pourquoi ? Les archéologues qui ont mené des campagnes de fouilles ne peuvent pas répondre. On a pu reconstituer le tracé de toutes les maisons grâce à quelques pans de murs émergeant des tas de pierres. La fortification a une porte centrale qui comporte, encore de nos jours, deux arcs, l’un plein cintre, l’autre en ogive. Ils sont séparés par un espace qui pourrait être un assommoir selon les dires des archéologues. Adossé à ce rempart, on peut voir un grand bâtiment qui a été identifié comme une salle des gardes ou comme une église ; en fait, les travaux archéologiques n’ont pas suffisamment progressé pour en affirmer la destination : église ou corps de gardes ? La position des pierres démontre que l’église-corps de gardes s’appuie sur le rempart. Les archéologues ont découvert des trous de boulins ce qui voudrait dire qu’il y avait un plancher donc un étage. Du coté Ouest, ce rempart se termine par une tour ronde en pierres de taille liés à la chaux, qui avait une vue sur tout les alentours.
Le village pourrait avoir été déserté au XVIème siècle suite aux Guerres de Religion ou suite à l’épidémie de peste, une autre opinion dit que son abandon est antérieure et daterait du XIVème siècle et serait du à une insuffisance de l’eau.
N’oublions pas que le peintre Monticelli passa une partie de son enfance dans une ferme du village du village de Ganagobie, cette présence est rappelée par un chemin portant son nom qui va vers le plateau.
Toujours est-il que le plateau et surtout le village abandonné de VilleVeille mériterait une nouvelle campagne archéologique pour répondre à des questions laissées sans réponse par les autres campagnes antérieures.