Montjustin :
Ce village typiquement provençal mais de Haute Provence est situé sur une hauteur du versant Nord du Luberon, à 18 km de Manosque, à 4 km de Reillanne et à 8 km de Céreste. Il faisait partie du diocèse d’Aix et de la viguerie de Forcalquier. Il est traversé par quatre cours eau : l’Encrème, l’Aiguebelle, le Tréchou et l’Embuissonade.
----Montjustin par le peintre Serge Fioro.                          

Etant situé en hauteur, on peut découvrir, au loin, la chaine du Luberon, la vallée d’Aiguebelle, la plaine de Reillanne, la montagne de Lure et, avec une vue perçante, les Alpes du Sud .C’est dire sa situation géographique privilégiée. La majeure partie du village est constituée de maisons du XVI°s. et XVII°s., parfaitement restaurées ce qui donne un charme désuet certain. Aucune clôture ne vient signaler au passant s’il déambule dans une propriété privée. C’est un village où le domaine privé n’est pas séparé du public.
En faisant un petit tour d’histoire, on le voit citer au Haut Moyen Age dans une charte du pape Grégoire VII, en 1073, confirmant les possessions de l’abbaye de St. Victor de Marseille. On avait déjà mentionné ce village en 1022 comme étant une place forte de la Haute Provence. Deuxième point d’histoire : son blason. Sans employer des termes d’héraldisme auxquels seuls quelques rares initiés pourraient avoir accès, on voit un éléphant, couleur jaune sur un fond vert qui rappellerait le passage d’Hannibal par le village en allant envahir l’Italie.  Troisième et dernier point d’histoire : durant les guerres de religion, en 1589, le duc de La Valette à la tête de son armée passa près du bourg et voulut s’y arrêter pour bivouaquer, les habitants lui fermèrent les portes. Alors le duc mit le siège et très vite s’empara de Montjustin, il passa tout le monde au fil de l’épée et le rasa. Il est à noter que 25 hommes de Dauphin s’étaient joints aux troupes royales du duc.
Tout au long de son histoire, Montjustin fut une place forte, déjà au temps des Gaulois non romanisés, c’est-à-dire avant la conquête de J. César, un « oppidum » existait dont les archéologues ont retrouvé des traces. Aujourd’hui, on voit encore les ruines de ses remparts qui datent de l’époque romane renforcé par des tours rondes. Entre le XI° et le XII° siècle, cinq églises sont citées car au Moyen Age comme à la Renaissance, le village était beaucoup plus peuplé qu’à notre époque où l’on dénombre environ 55 habitants (216 habitants en 1766, par exemple).
Déjà, en 1053, on trouve traces de trois lieux du culte. Celle que l’on peut voir aujourd’hui date de la fin du XVI° siècle (Notre Dame des Neiges).  Elle vit le jour après le passage du duc de La Valette et il faudra attendre le début du XVII° siècle pour que le bourg se relève complètement des saccages et des massacres qu’il avait ordonnés. A travers ses ruines, on devine les restes d’un chevet à cinq pans, d’une nef à deux travées et d’une voûte sur croisée d’ogive.
Après avoir été un village agricole comme tant d’autres en Haute Provence, il est devenu un lieu d’habitation pour artistes. Un passé récent (1947) a vu s’installer  le peintre Serge Fioro dont le père était un cousin de Jean Giono comme, donc, lui aussi. D’autres personnalités de l’art et de la poésie y ont vécu et y reposent dans son cimetière : Lucien Jacques,  peintre, graveur, poète, grand ami de Jean Giono avec qui il animera les rencontres du Contadour ; Pierre Citron, musicologue, biographe de ce même Jean Giono ; Lucienne Desnoues, poétesse qui s’y installera  définitivement au décès de son mari ; Henri Cartier-Bresson, photographe bien connu qui y terminera sa vie, il y est, d’ailleurs, enterré.
De nos jours, ce village ne veut pas disparaitre, dans la lignée de son passé artistique, ses habitants ont fondé une association culturelle et artistique. Il y a, même, un café-restaurant à vocation culturelle (l’Ecole Buissonnière).

J.P. Audibert : l'auteur du site

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