Moustiers Ste Marie : Le VILLAGE
Le VILLAGE fut aussi appelé Baumette à cause des Baumes ou grottes sur lesquelles il fut construit.
On dit qu’il vit le jour vers 433.

A l’entrée des gorges du Verdon, à une altitude de 630 mètres, et à 5 km du lac de Sainte Croix se trouve le village de Moustiers Ste Marie, un bourg qui fait partie des « plus beaux villages de France »,  il compte 698 habitants lors du recensement de 2012, sa population ne cessa de péricliter depuis 1874, date de la fermeture de la dernière faïencerie. C’est ainsi qu’en 1968, on ne dénombrait plus que 535 Moustiérains soit 6 fois moins qu’au XVII° siècle, à l’époque de la reine Jeanne, le village comptait 700 feux, et à ce XVII° siècle, on dénombrait à peu près 3.000 habitants. Il est construit à cheval sur un ravin nommé : Notre Dame.
On ne peut évoquer Moustiers sans parler de sa faïence qui fait l’objet d’un article sur ce site- ICI -, son renouveau est du à Marcel Provence qui y fit construire un four à bois comme dans l’ancien temps. Il ne faut pas oublier Simone Garnier qui, à son instigation, vint chaque été travailler dans des ateliers qu’il avait fait rouvrir. Elle était d’origine dignoise, élève de l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs dont elle fut un des fleurons ; en 1947, elle vint s’installer définitivement, sa production fut une des plus appréciée. La réputation de sa céramique remonte loin dans le temps puisque, déjà au Moyen-Age, la porte occidentale de son enceinte se nommait "Portaou deïs Soulos" (portail des pots de terre ou des marmites) car les potiers y exposaient leurs ouvrages et ainsi ils les faisaient sécher au soleil.
C’est seulement en 1847 que Moustiers devint « Moustiers Ste Marie », exactement le 28 octobre.  Ce jour là, la direction générale des postes avisait le maire de Moustiers qu’elle venait d’implanter un bureau à Mouthier (Doubs) et que pour éviter des erreurs d’acheminement du courrier, il faudrait ajouter un suffixe au nom déjà existant. Après en avoir examiné divers, le conseil municipal choisit « Sainte Marie ».
Dominant le bourg, on peut admirer une chapelle qui remonterait au IX° siècle. L’on dit que Charlemagne contribua financièrement à son érection (Archives du monastère des iles du Lérins) : Notre Dame de Beauvoir qui porte aussi le nom «d’entre roches »  étant située entre deux pitons dominant le bourg. Le porche est roman, la porte, quant à elle, date de la Renaissance. Les deux premières travées de la nef sont romans, les deux autres sont gothiques ainsi que l’abside. Son antique cloche pèse 800 kg, son chevet est du XVII° siècle. Elle était un but de pèlerinage pour les fêtes de la Vierge. Elle fut le lieu de différents miracles, à partir du XII° s, il fut accordé des indulgences aux pèlerins qui y venaient. On raconte que de toute la Provence lui était amenée des cadavres d’enfants mort-nés pour qu’ils soient ressuscité le temps de leur administrer le baptême. En souvenir de cette résurrection, le village avait institué la cérémonie du Suaire où les mères amenaient leur progéniture. Les enfants étaient revêtus d’un manteau blanc : le SUAIRE. Avec leurs mères, ils embrassaient le Crucifix et se faisaient bénir par le prêtre qui officiait. A part Notre Dame de Beauvoir, il existe une autre chapelle sur le territoire de la commune : la chapelle Ste Anne qui fut édifiée au XVI° s avec des pierres du rempart qui était au quartier des Paillerols. Les fortifications qui restent, de nos jour, datent du XV° s et s’ouvrent sur la campagne par trois portes dont celle qui allait à Riez, nommée : porte St Jean.
Déjà à la période Gallo-Romaine, il y avait une enceinte fortifiée. Le nom du village apparait pour la première fois en 1009 sous la forme de « ecclesia sancte Maria in Monasterio »puis sous la forme de « Monasterium » ou « Monsterium » en 1084 dans une bulle papale de Grégoire XII.
La création du village est le fait de moines des iles du Lérins qui s’installent là dans des grottes puis au VI° siècle fondent un monastère. Les premiers religieux se retrouvent sous l’autorité de St Maxime puis de St Faust qui lui succèdent comme évêque de Riez.
Comme tous les villages de France, il eut son quartier juif qui se situait « rue de la Chatière » au Nord de la place publique. En 1501, ils durent ou se convertir ou s’exiler. A la différence de ceux de Riez, ils choisirent l’exil. Ils n’allèrent pas loin puisqu’on les retrouve dans les Etats Pontificaux.
A la fin du Moyen-âge, le bourg était dirigé par cinq consuls, élus chaque année, le premier était pris parmi les seigneurs du lieu, les autres  étaient issus du peuple.
Moustiers fut toujours fidèle à la reine Jeanne, même après sa mort dont il n’avait la preuve, ce qui lui valut de voir raser une partie du bourg par Albert de Blacas, seigneur de Baudinard, un des chefs du parti de Duras. Rappelons qu’elle fut assassinée par son petit-neveu, Charles de Duras qui avait été éloigné de la succession (notamment le comté de Provence) au profit de Louis d’Anjou.
Pour repeupler la commune à la fin de la guerre de Cent Ans, dépeuplement du surtout aux guerres de succession de Provence, on fit appel au village de Sausses (proximité de la vallée du Var) qui lui envoya quelques familles. Puis le village ne fut plus marqué par l’histoire jusqu’à la guerre de succession d’Autriche,  où en 1746, il fut envahi par des Pandours (troupes autrichiennes originaires de Croatie). Mais, avant, en 1600, peu de gens le savent, l’évêque de Riez, Charles Saint Sixt, y fit construire un hôpital. Puis on ne va plus percevoir d’évènement marquants jusqu’en février 1887 où Moustiers eut à souffrir d’un tremblement de terre, l’église, qui, avant d’être paroissiale était conventuelle jusqu’à la disparition des moines, eut particulièrement à en pâtir mais son clocher est resté debout  grâce aux armatures en fer qui garnissait son intérieur. Ce clocher a 22 mètres de haut et date du XII° siècle, il a quatre étages et l’église à qui il appartient, celle que l’on voit aujourd’hui qui a un style Roman et Lombard, aurait été construite sur les ruines d’une plus ancienne qui remonterait au VIII° siècle.

                             
Mais revenons à l’église que l’on voit de nos jours. Elle a une nef romane de cinq travées voutée en berceau brisé, sa principale particularité est d’avoir le chœur décalé par rapport à cette nef. Certains l’expliquent par le fait que l’on a voulu symboliser une représentation du Christ sur la croix avec la tête inclinée sur une épaule. Ce chœur est roman. Depuis sa construction et jusqu’en 1778, l’église eut le titre de collégiale et fut desservie par 5 prêtres. Elle avait la caractéristique d’avoir un clocher qui oscillait lorsque les cloches sonnaient, c’est pourquoi il fut solidifié par des tirants en fer.
En face de cette église paroissiale, on peut voir une chapelle : « le Clastre » qui remonte à la fin du XIII° siècle.
Sa mairie, quant à elle, telle qu’on la voit de nos jours, date du XVIII° siècle. Elle se trouve sur l’emplacement d’un ancien couvent (ordre des Servites) démoli durant les guerres de religion puis reconstruit. 
Et l’on arrive à ce qui fait sa réputation touristique : sa faïence (déjà traitée ICI) et sa chaine décorée d’une étoile dorée allant d’un pic à un autre dans les montagnes encadrant le village (ce qui a souvent fait dire de lui que c’était un village de crèche). Il y a plusieurs légendes qui circulent à propos de cette chaine. Celle qui est la plus courante et la plus souvent évoquée, reprise par F. Mistral, veut que, Blacas d’Aups, co-seigneur de Moustiers, prisonniers des Sarrazins, fit le vœu de suspendre une chaine, ornée d’une étoile, au dessus de son village s’il le revoyait. Dans un document retrouvé de la famille de Blacas, il est fait mention de cette chaine mais aucune date n’est citée pour permettre de savoir dans quelle croisade ce chevalier était parti faire la guerre, Mistral parle de1210. Cette étoile fut enlevée en1793 par la Révolution comme symbole de « l’ancien régime ». Elle fut réinstallée par la « Restauration ». En 1848, elle est remplacée par un drapeau tricolore entouré d’un cadre de bois. Une croyance parmi d’autres voulait que si un célibataire la touchait en l’une de ses extrémités, il se marierait dans l’année. L’étoile que l’on voit, de nos jours, date de 1882, suite à une chute, elle fut restaurée en plus petit en 1957. C’est la onzième et elle repose sur une chaine de 135 m de long ; elle est dorée à l’or fin.
Comme on ne peut parler de Moustiers sans évoquer sa faïence, il faut précise qu’on dénombre 14 ateliers et à peu près 22 magasins de vente à aujourd’hui.

Petite Bibliographie :

----Mémoire historique sur la ville de Moustier1756, reprint de 1842.

----N°299 des Annales de Haute Provence, 1985.

L'Auteur du site : J. P. Audibert

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