Naissance du protestantisme en Haute Provence.
Les premières idées d’une possible réforme de la religion catholique prirent naissance avec la présence des Vaudois dans la montagne du Luberon, ils venaient du Piémont. Quand cette venue eut lieu ? on ne le sait pas. Plusieurs historiens de la Renaissance émirent différentes hypothèses mais aucun fait n’apporta une confirmation quelconque. Selon Nostradamus, tout viendrait du village de Mérindol dans le Vaucluse. L’historien Papon soutient cette thèse en citant en particulier la famille Boulier qui avait des terres en Piémont vaudois et sur le Luberon. En 1428, ils firent l’acquisition de la vicomté de Reillanne ainsi que de St. Michel, Mane et St. Etienne les Orgues par ce fait, cette famille devint complètement provençale. En 1503, ils firent venir des agriculteurs, hérétiques vaudois. Les Bouliers ne les installèrent que là où il y avait besoin de bras, ce n’était donc pas un acte de conquête religieuse.
On sait d’où partie la Réforme à Manosque, d’un notaire royal : Aloat, apparenté à une famille hérétique de Gap, les Farel. Le notaire fut condamné et du faire amende honorable mais cela n’empêcha pas l’hérésie de se développer et de s’installer durablement dans la ville. Mais dans l’ensemble de la Provence la nouvelle religion se solda par très peu d’adhésion, on parle de 1 pour cent de la population. Cette réforme toucha principalement les notables des petites villes (Manosque, Forcalquier, Riez, Sisteron etc.).
Les documents sur le sujet étaient fort peu nombreux, il est difficile de connaitre les premiers temps du protestantisme dans notre région, en particulier à Forcalquier (le seul témoignage qui subsiste de cette époque est un immeuble situé dans la vielle ville qui servait de temple, il fut bâti à la fin du XVI s. Il va falloir attendre1552 pour avoir quelques renseignements sur la Réforme dans cette ville. Le premier nom que l’on trouve est celui de Bernardin de Candolle, un chanoine de la concathédrale, fils d’un notaire royal de la sénéchaussée, il alla vivre à Genève pour pouvoir assumer sa nouvelle foi au grand jour. Il faut noter qu’Henri II rendit un décret punissant de mort quiconque ne serait pas un fidèle catholique. C’est plus tard, en 1563, qu’un autre édit (Edit d’Amboise) permit aux partisans du protestantisme de se montrer au grand jour, ils eurent notamment le droit d’être présent à hauteur de 1 quart dans le conseil municipal mais déjà 1559, la ville vit l’élection d’un consul protestant.
Jean Calvin
C’est seulement grâce à un journal intime d’un nommé Antoine Gassaud que nous connaissons un peu les évènements qui se sont déroulés dans la ville de Forcalquier. Sa naturalisation doit être récente car on ne trouve pas de traces de sa famille avant l’union du comté de Forcalquier avec le royaume de France. On ne sait pas d’où cette famille venait.
Bien que le culte huguenot ne fût autorisé qu’à Mérindol et à Seyne, les églises qui dépendaient de Forcalquier avaient une certaine liberté, la cohabitation entre les deux religions se faisait sans aucune gêne dans la vie quotidienne. Le 30 Septembre 1567, les huguenots de Forcalquier et les soldats de Peyruis se débarrassèrent des garnisons catholiques et célébrèrent publiquement leur culte. Dix jours plus tard, deux mille cinq cents protestants occupèrent Forcalquier jusqu’au 2 Novembre Après cette date, les soldats catholiques purent reprendre leur lieu de garnison avec à leur tête le capitane Mirabeau et Valavoire.
La troisième guerre de religion commença en Aout 1568, elle prit fin par la paix de Saint Germain qui autorisait le culte réformé dans deux ville par province, pour la Provence, ce fut Mérindol et Forcalquier, la première ville représentait la Basse Provence, la seconde le Haut Pays. La fin de cette guerre vit aussi la reine Catherine de Médicis marier sa fille Marguerite (reine Magot) avec le futur Henri IV. En Haute Provence, le principal évènement fut la restitution par les huguenots de la citadelle de Sisteron au comte de Tende, gouverneur de Provence. Malgré les promesses, le chef des Réformés qui se trouvait être le propre frère du gouverneur, fut massacré avec 36 gentilshommes.
Luther en moine
Puis, Tende, gouverneur de Provence, s’installa, avec ses gens d’armes dans Forcalquier. Les protestants, avec à leur tête, Jean de Brancas (de la famille Brancas-Forcalquier) nepouvant investir la ville se tourna et s’empara de la forteresse de Mane puis fut refoulé jusqu’à Céreste. Voyant ces défaites et profitant de la présence du gouverneur, les consuls de Forcalquier postèrent de nombreuse sentinelles sur les remparts pour empêcher les Réformés émigrés de rentrer dans leur ville. Au moment de la Saint Barthélémy, ceux qui étaient à la tête de la région ne voulurent pas exécuter les ordres de Paris et en particulier pour Forcalquier, ville qui fut épargnée. Arriva ensuite le temps de la Ligue, pour notre région son chef fut Hubert de Vins qui fut choisi par le parlement de Provence. En Avril 1585, il traversa la Durance et s’empare des bourgs de La Tour d’Aigues et de La Motte d’Aigues. Les huguenots virent tous leurs droits qui leur avaient été concédés remis en question, on les obligea à jurer qu’ils étaient redevenus de bons catholiques. Ils mirent à leur tête le baron d’Allemagne qui vit son château assiégé par de Vins. Les Ligueurs tentèrent de prendre Forcalquier mais échouèrent. En Janvier 1586, ils essayèrent de prendre Castellane mais furent repoussés ; ils eurent plus de chance avec Barrême. Après cette démonstration de force, ils repassèrent la Durance
Tous les détails concernant Forcalquier sont tirés du journal tenu par d’Antoine Gassaud et révélé par Berluc Perrussis.
