Les 4 reines:
Raconte-t-on une légende ou parle-t-on d’une vérité historique ? Sans doute les deux. Les personnages ont réellement existé mais en quel lieu ? Il est très difficile voire impossible aux historiens de vérifier la véracité géographique des évènements surtout des lieux de naissance. De ce qui va être écrit ici, on peut dire ou ne pas dire qu’une grande partie est légendaire ou pas. Certains historiens vont jusqu’à dire qu’aucune des 4 reines n’a jamais mis les pieds au château de St. Maime.
L’histoire va commencer dans la plaine de Mane où, sur une éminence existe un village qui se nomme St. Maime, qui, suivant la légende, vit en son château naitre les 4 filles du comte de Provence et de Forcalquier, Bérenger IV ou V, qui devaient toutes devenir reine. Il unit la Haute et Basse Provence par l’héritage qu’il fit de sa mère, Gersende de Sabran, comtesse de Forcalquier et d’Alphonse II, comte de Provence, second fils du roi d’Aragon. Au décès de son mari, elle fut régente à Aix, régence qu’elle partageait avec son beau-frère. Mais elle préféra le comté de Forcalquier et y transporta sa cour. C’est là que fut éduqué et que grandi son fils Raymond Bérenger qui se maria avec Béatrice de Savoie, fille de Thomas. Sur la fin de sa vie, Gersende se fit religieuse au monastère de La Celle, près de Barjols.
La tradition nous a dit que Raymond Bérenger passait l’été au château de St. Maime, cette même tradition y fit naitre ses 4 filles. D’autres prétendent que Brignoles était la ville où Raymond Bérenger venait passer la saison chaude et qu’elle était lieu où se fit l’éducation de ces 4 reines. Il n’eut point d’héritier mâle.
L’ainée des filles se prénommait Marguerite (1221-195). Une certaine tradition l’a fait naitre à Brignoles. Elle épousa Louis IX, en 1234 qui sera canonisé et deviendra St. Louis.
Il reçu, comme dot, 600.000 livres, somme qui parut énorme à certains de ses contemporains. Entre autres, enfants, et c’est seulement au bout de 6 ans de mariage qu’elle eut son premier rejeton ; au total, elle eut six fils et cinq filles, elle donna le jour à un fils, Jean, que l’on surnomma Tristan car il vint au monde trois jours après la capitulation de son père en Palestine. Pour témoigner de son caractère, on cite le fait qu’elle avait un vieux chevalier à son service comme garde du corps à qui elle demanda de la tuer si les Sarrasins devaient la capturer.
La seconde fut Eléonore (1223-1291) qui épousa le roi d’Angleterre, Henri III, en 1233. Ce mariage fut célébré dans la cathédrale de Canterbury. Elle fut reine 2 ans après sa sœur ainée comme elle, elle n’avait que 13 ans. Elle eut un fils, Edouard, qu’elle maria avec Eléonore de Castille. Après le décès de son mari, elle se retira en l’abbaye d’Amesbury. Elle fut très pieuse, d’ailleurs elle fut béatifiée mais jamais canonisée. On lui a reproché d’avoir favorisé les gens de son pays, la Savoie, d’où était issue sa mère au détriment des barons anglais.
La troisième fut Sancie ou Sanche qui se maria, en 1242, avec Richard de Cornouailles, frère du roi d’Angleterre, Henri III, et donc fils de Jean sans Terre, elle fut sa deuxième épouse. Il devint roi des Romains, mais le titre lui fut contesté par Alphonse X de Castille pour qui trois des électeurs avaient voté, le trône de Rome étant électif. Ils eurent trois enfants. Raymond VII de Touloise voulut l’épouser, mais pour cela, il avait besoin de l’aval du pape et cela se passa durant une période où le trône pontifical ne fut pas occupé pendant un an, et de plus s’il demeurait sans enfant, son comté revenait à la France, le mariage ne se fit pas, on dit que le roi de France y fut pour quelque chose.
La dernière fut Béatrix (1229-1267) que son père désigna comme son héritière en excluant les trois autres qui, selon lui, étaient très bien loties.
Celle-ci épousa Charles d’Anjou, frère de Louis IX (St. Louis), c’est ainsi qu’elle devint la belle-sœur de sa sœur. Le mariage fut célébré à Lyon, en 1246, avec la bénédiction du pape Innocent V. Ce mariage provoqua beaucoup de réactions négatives, en effet de nombreux barons provençaux ne voulaient pas d’une présence étrangère, en l’occurrence française.
De toutes les filles de Raymond Bérenger, c’est celle que l’on connait le moins, les historiens ont beaucoup écrit sur ses sœurs mais pas sur elle. Toute notre connaissance de sa vie est due à des écrits sur son mari où elle apparait. Elle a fait l’objet de nombreux potins que la tradition relève, en voici quelques uns cités par Cyprien Bernard, écrivain et historien du pays de Forcalquier.
On raconte que Charles d’Anjou venait à St. Maime avec une nombreuse suite, le château ne pouvait loger tout le monde, Charles avec ses compagnons allaient, alors, se reposer dans son grenier à foin, proche de là. Il est dit aussi que Béatrix fut humiliée par ses sœurs pour n’être pas reine. Il est raconté qu’elle persuada Charles d’Anjou de devenir roi de Naples et de Sicile, alors que celui-ci, en 1264, avait été désigné par le pape Clément IV, roi de ces deux contrées. On dit aussi qu’elle souffrit du caractère violent et farouche de son époux. Celui-ci, prenant soin de sa progéniture, fit venir de Digne, une jeune fille, Douceline, qui fut chargée d’aider Béatrix dans ses couches. Et pour terminer l’histoire de ces deux souverains et de ce qu’ils firent pour notre département, il convient de souligner la création d’une monnaie d’argent : le « demi forcalquiéras ».
Signalons le livre d’Eugène Plauchud : « Le diamant de Saint-Maime » présent sur ce site ICI