Crèche et Santons:

Le mot «  crèche  » viendrait de «  mangeoire  » car en latin ce terme se dit «  crepia  » tandis que le mot «  santon  » vient du provençal « santoun » = « petit saint ».

Selon l'abbé Marius Ganay qui vécut dans la première moitié du XX ° s., son origine serait dans une église construite par le pape Liberius en 354 où ce pape célébrait la messe de minuit entouré de cinq objets provenant de la vraie étable de Bethléem. Il ne faut pas oublier qu'à l'origine cette fête était païenne, les anciens glorifiaient le solstice d'hiver avec les « Saturnales » ; chaque fête du monde ancien était remplacée par une célébration de l'église catholique pour lutter contre les païens. Mais plus simplement, on pense que c'est Saint François d'Assise qui organisa la première crèche, en 1223, avec des personnages vivants et c'est au XVII ° s. qu'elle va devenir un objet du folklore, presque de liturgie bien qu'elle en soit loin.

Crèche de Dauphin : images venant du site : Horizon Provence- Créche de Mane : image du site : Horizon Provence.

Ce n'est pas pour rien que ce saint va devenir le patron des santonniers. En fait, on peut dire qu'elle a une origine italienne, elle viendrait du village de Greccio où le saint vivait, il avait mis en scène tous ses protagonistes traditionnels en les faisant représenter par des gens et des animaux vivants de son village.

Au début, la crèche ne se composait que du Petit Jésus, de l'âne, du bœuf et de quelques bergers. Ce n'est qu'à la fin du XVIII ° s. qu'apparaissent les personnages de la vie quotidienne et ce n'est donc qu'à partir de ce siècle qu'on assiste à une timide venue à travers toute la Provence d'une mode venue d'Italie, plus spécialement de Naples, consistant à habiller des statuettes de véritables habits mais la crèche étant un art populaire, le santon d'argile resta le plus répandu et de loin. Avant qu'ils ne soient fabriqués en ce matériau, ils le furent en mie de pain, on en vit même en verre filé comme ceux que montra le duc de Nevers en 1570. La révolution qui interdit la vie religieuse favorisa le développement de la crèche chez les particuliers (on peut encore voir des bergères habillées de vêtements du XVIII ° s. comme petits sujets). Cette tradition n'est pas purement française ni provençale mais mondiale. Elle présente néanmoins un anachronisme : elle dépeint un évènement vieux de plus de 2.000 ans avec des personnages vêtus de costume d'il y a 200 ans. Elle se divise en deux types : la crèche d'église et la crèche familiale souvent celle d'église est mécanisée et représente des sujets en mouvements ayant des gestes de travailleurs. Il y avait même des crèches essentiellement religieuses avec un simple reposoir et la représentation de la Sainte Famille.

Les principaux personnages, ceux qui se retrouvent toujours sont : l'âne et le bœuf, le bœuf qui réchauffe Jésus de son souffle tandis que son compagnon a transporté la Vierge jusque là, bien évidement le bébé qui, dans certaines crèches, n'était mis que le 25 décembre et les premiers arrivés, c'est-à-dire les bergers et leurs moutons, les premiers à être représentés portaient un tricorne, le grand chapeau de feutre n'apparaît que plus tard. Il faut toujours représenter l'ange Boufareù qui leur annonça la naissance du Christ, on le voit, soufflant dans une trompette, les joues toutes rouges, on le suspend au dessus de l'étable. Les autres personnages qui se retrouvent partout sont : l'aveugle et son fils, protagonistes de la pastorale Maurel, la bohémienne, le curé, personne haute en couleurs, débonnaire, d'une réelle importance dans les villages provençaux, le pêcheur qui symbolise les disciples du Christ car beaucoup parmi eux exerçaient cette profession, il est certainement le plus anciens des santons, il a été crée, il y a à peu près 200 ans sous la forme d'un pêcheur camarguais, le porteur d'eau, il est là pour rappeler la rareté de ce liquide dans nos régions, le ravi, n'ayant rien à offrir, est là pour appeler la joie sur la Nativité , le tambourinaire joue sa musique de fête pour célébrer l'évènement, le vannier fabrique un panier comme berceau pour l'Enfant Jésus, le vieux et la vieille qui s'appellent Grasset et Grassette rappellent le temps qui court entre la jeunesse que symbolise la Nativité et la fin de la vie, les rois mages : Gaspard, Melchior et Balthazar qui arrivent pour l'épiphanie (6 janvier) apportent leurs richesses, (or, encens, myrrhe), les Boumians (bohémiens) ne sont représentés que depuis le XIX ° s. et se placent à coté du garde champêtre. Chaque type de santons a son histoire que l'on retrouve dans des pastorales.

On peut observer quelques règles : on ne défait jamais une crèche le vendredi et elle doit être présente du premier dimanche de l'Avent ou de la St. Nicolas jusqu'au 2 février, data de la présentation de Jésus au Temple.

Mais qu'en est il de notre département ?

Il existe plusieurs crèches typiques : celle de Dauphin, de Mane, de Reillanne, de Banon et de Cruis.

La crèche de Dauphin est classée aux monuments historiques. Elle est installée dans l'église qui a été récemment rénovée au sommet du village. Certains de ses santons datent du XVIII ° s. et sont parmi les plus anciens de Provence. La jeune fille au panier ainsi qu'un berger qui a la tête couverte et un bâton à la main sont des représentations d'origine.

Celle de Mane est aussi classée aux monuments historiques. Elle daterait du temps de Louis Philippe car le costume des notables qui y sont représentés sont typiques de l'époque de la monarchie de Juillet. Elle réunit une vingtaine de santons, ils ne sont pas faits de cire ni d'argile mais de bois ou de fer avec une application de paille, le fond est constitué par une toile due au peintre Maurice Magnan. Pour ces deux villages, en dehors des fêtes de Noël, ils sont confiés aux habitants qui se font un honneur personnel de les garder en très bon état. La crèche de Banon, qui reconstitue le vieux village, est faite sur une grande table. Tous les personnages de la vie quotidienne de Haute Provence y sont représentés.

Celle de Cruis remonte au XIX ° s., elle est constituée de 13 santons monumentaux puisqu'ils ont 60cm de hauteur. Ils sont aussi classés aux monuments historiques.

Dans un autre registre, il est bon de signaler que chaque années, à Sisteron, se tient une exposition-foire aux santons faits par des amateurs comme par des professionnels dans une salle de la bibliothèque municipale (22 ème exposition-vente pour l'année 2010 à la médiathèque) et que la ville de Gréoux les Bains a un musée du santon avec 300 personnages.

Elle est démontée et rangée pour l'année suivante à la Chandeleur.

Autres chapitres, sur ce site, parlant des fêtes calendales (période allant du 4 décembre = Ste Barbe au 2 février = Chandeleur), les Treize Desserts et le Gros Souper et Epiphanie et Chandeleur.

Rédacteur du site : Jean-Paul Audibert

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