Pierre Magnan :

"Peu d'écrivains ont autant célébré Giono que Magnan. Toute l'œuvre de Pierre Magnan compose un magnifique hommage à un écrivain qu'il n'a cessé d'admirer." (Dictionnaire Giono - classique Garnier) Phrase tirée d'un blog ayant comme sujet : Giono.

© Copyright 2013 J.P. Audibert

Le département des Alpes de Haute Provence et plus particulièrement la ville de Manosque peuvent se féliciter d’avoir vu la naissance et la présence de deux grands écrivains. J’ai nommé : Jean Giono qui a une renommée internationale et Pierre Magnan qui a aussi acquis une notoriété certaine, quoique moins importante, dans de nombreux pays, ses ouvrages ayant été traduits dans de nombreuses langues. Il s’est toujours voulu, suivant ses dires « un écrivain résolument régionaliste ». Que l'on ne cherche pas ici une critique positive ou négative de son oeuvre, tel n'est pas le propos, il ne s'agit, ici, que d'un essai de biographie. Pourquoi irai-je imposer mes gouts aux autres ?
Il est né le 19 septembre 1922 à Manosque, rue Chacundier, à vol d’oiseaux à 200 mètres de Saint Sauveur. Sa mère l’a eu à 22 ans, elle se prénommait Germaine, elle n’avait jamais bu un verre d’alcool ou de vin, elle se saoula un jour avec de l’eau de vie et depuis ce jour là, elle se mit à boire pour oublier que son mari ne la touchait plus. Quant à son père, il a écrit qu’on l’appelait « le Toine », il avait trois ans de plus que sa femme. Il était communiste. Il travaillait à EELM (énergie électrique du littoral méditerranéen), il apportait l’électricité aux villages des Basses-Alpes, il travaillait jusqu’à neuf heures par jour pour nourrir sa famille (à cette époque, on ne connaissait que le dimanche comme jour de repos et le « Front Populaire » n’était pas encore arrivé avec les deux semaines de congés payés), il parlait en dialecte provençal et sa femme lui répondait en français.  
 --- Image figurant sur son site, à l’arrière plan le clocher de Forcalquier.

La sage femme qui le mit au monde dut remodeler son crane, il était né avec la tête en forme de pain de sucre, il était maigre et l’on pensait qu’il ne vivrait pas très longtemps. Il eut une sœur, Alice, qui était de deux ans et demi sa cadette. Elle vint au monde au printemps 1925. Elle lui portait une admiration et une dévotion sans bornes, lui resta complètement indifférent.
Enfant, il voulait être peintre, il a toujours admiré la puissance créatrice de ce métier d’art qui lui paraissait supérieure à l’écriture. Puis lui vint l’idée d’être maçon. Mais à treize ans, âge butoir à cette époque de l’école obligatoire, (il fréquenta jusqu’à douze ans révolus le lycée de Manosque), il devint apprenti typographe dans une imprimerie de la ville. Il le sera jusqu’à vingt ans (1942), il se décrit comme un mauvais futur ouvrier (« l’Apprenti »).
Lors de sa prime jeunesse, à l’école communale, il tomba pour la première fois de sa vie amoureux, peut-on appeler amour cette attirance ? Mais ce fut d’un garçon, très fin, différent physiquement du Bas-Alpins habituel.
Lorsqu’il fut en sixième, il voulut passer le concours pour être bousier, il fut recalé à cause des maths alors qu’il eut d’excellentes notes dans les matières littéraires. Depuis la huitième (CM1), on l’appelait « Patouillard » d’où lui est venu un autre surnom : « Patou ». Sa mère va continuer à le nommer « Patouillard ». Quant à Giono, il l’appelait « Peeps » puis « Elpenor » qui fut un compagnon d’Ulysse.
A quatorze ans, il fut très impressionné par le « congrès de Nuremberg » où plastronnait Hitler, soixante ans après, il en parlait encore. C’est dire combien il était obsédé. Il pensait que le nazisme, c’était une pensée prophétique, devait faire encore beaucoup de mort pour se maintenir au pouvoir.
--- Le journal avec Jean Giono en photo.

Au début de son adolescence, avec deux amis, Jeff Scaniglia et Maurice Chevaly, il essaie de mettre en place un nouveau journal à Manosque : « Au Devant de la Vie » Ils vont demander à Jean Giono d’écrire un article qu’ils y publieront. C’est la première fois que P. Magnan le verra ; sur le moment, il fut frappé du fait que ce dernier était encore en robe de chambre à une heure avancée de la journée. C’est à cette occasion qu’il va être invité à participer aux « rencontres du Contadour ». C’est ainsi qu’en fin de l’été 1937 (il a alors 15 ans à peine), il va être le plus jeune participant.
Le maître mot ou nom est lancé : GIONO. Il sera son maître à penser toute sa vie. Il est subjugué par le personnage, sa personnalité en sera profondément affectée, il ne va vivre que par lui. Il a dit en parlant de lui : « J’ai mis mes pieds partout où Giono avait mis les siens. » (interview donné à Di Ruocco)  Dans ses jeunes années, il fumera la pipe comme lui, pipe qui lui a été donné par son idole. Il va aller le voir trois fois par semaine, Giono va lui prêter des livres pour l’initié à la lecture ; le premier sera : « La Foire aux Vérités » de Thakeray. Il écrira pour raconter cette période de sa vie : « Toute ma vie, cette année là, et les suivantes sera occultée par la lecture. » (« Pour saluer Giono »). Pourtant c’est seulement en 1936 qu’il le lira pour la première fois. Et tout arrive, son idole veut qu’il lui lise ses premiers écrits ce qui lui fit dire : « Jamais honte la plus grande ne me monta au front que ce soir là. » A 16 ans, il avait écrit « Périple d’un cachalot » qui, plus tard, fut publié en Suisse après avoir été refusé par Julliard.  Giono l’avait prévenu que l’écriture était une chose très pénible, il lui avait dit ; « C’est incommensurablement plus difficile que tu ne crois. » Ces paroles vont bouleverser sa vie, la régenter jusqu’à sa mort.  
Juste avant la guerre, il classa les écrivains par ordre de ses préférences. Evidemment, il mit Giono en tête, ce dernier lui avait dit de ne pas perdre son temps avec Proust mais il en fit quand-même un de ses auteurs favoris. Mais à égalité avec Gide puis on trouve Roger Martin du Gard et Montherlant. La seconde guerre mondiale marqua la carrière de Giono, après avoir eu de gros problème pour son pacifisme, on essaya de le convaincre de collaboration. Aragon qui était président d’une association d’écrivains résistants le fit mettre à l’écart. Ce même Aragon qui eut, d’après P. Magnan qui le nota dans « Un Monstre Sacré », d’étroites relations avec les Basses-Alpes puisqu’il était le fils illégitime du député puis sénateur du département, Andrieux, il aurait été conçu à Forcalquier. Pour en revenir à Magnan, il faut remarquer qu’à cette époque de fin de guerre, son père lui demanda de ne plus voir aussi souvent Giono, sans doute fut-il influencer par ses camarades de la cellule du parti communiste à laquelle il appartenait. Il fit même la connaissance de Gide qu’il vit avec Giono à Manosque (boulevard de la Plaine) et lui fut présenté sur le quai de la gare de Lausanne. C’est chez son maître qu’il rencontra pour la première fois Thyde Monnier, c’était en 1939. Giono dira à son amie : « Thyde, vous devriez vous intéresser à ce garçon qui est malheureux chez lui» (Apprenti ») Lui en dira : « Elle avait le regard brillant au centre de toutes ses rides. Je n’avais jamais vu quelqu’un d’aussi ridé. »   (« Apprenti ») On va revenir à elle très bientôt car il y a beaucoup à dire sur leur relations.
Elle va être la deuxième personne, après Giono, a marqué la vie de P. Magnan. C’est un auteur à succès des années 40-50 qui a écrit notamment « Nans le Berger » (adaptation t.v.), qui tirait à l’époque à chaque parution à 100.000 exemplaires, à qui son éditeur ne pouvait rien refuser, ceci expliquant peut-être cela. Aujourd’hui, elle est tombée dans l’oubli.
Mais tout d’abord, finissons-en avec sa vie d’adolescent manosquin. A quatorze ans, il ne croyait en aucune doctrine politique, même pas au pacifisme que prône Giono, il le trouvera, sur ce point, trop idéaliste loin de tout réalisme, la philosophie lui paraissait être une science humaine dont les hommes n’avait pas besoin. Il a écrit dans « La biasse de mon père » « Je ne comprends rien aux philosophes sauf Montaigne qui n’en était pas un. »
Pour le 15 aout 1936, il va connaitre son premier bonheur érotique avec Louisette : « …qui séparent Gréoux de Manosque, l’ayant tout entier contre moi et ses seins emprisonnés entre mes entre mes mains, je l’aimais par ma tête et par mon cœur. » (« Apprenti »)
En 1937, pour la première fois, il voit la mer. Il se rend à Marseille avec des amis en faisant de l’auto-stop.
Et l’on va, après ces digressions, revenir au deuxième personnage qi a marqué sa vie : Thyde Monnier. Il avait 19 ans et elle 53. Il lui fait l’amour pour la première fois en novembre 1940 pour lui c’est la première fois. Dans « Apprenti », il dira : « Je fais l’amour pour la première fois et pour la première fois, je vais devoir dire : je t’aime, à quelqu’un pour qui je n’ai que de la compassion. ». Elle voudra l’épouser lorsqu’elle a eu 64 ans, il en avait alors 29, ce mariage, pour elle, signifiait qu’elle voulait lui laisser tous ses biens malgré ses nombreuses infidélités. Il refusa. Il ne l’aimait pas mais il est resté avec elle, pourquoi... ???
--- Photo trouvée sur un site consacrée à Thyde Monnier. ICI.

Il a dit d’elle : «Mais il est évident qu’elle ne comblait ni mon âme romantique ni mon Eros… elle est d’une jalousie possessive forcenée. » (« Pour Saluer Giono ») Pendant dix ans, il va lui servir de secrétaire, d’intendant et d’amant. Il est allé jusqu’à dire qu’il n’appréciait pas ses livres. En février 1942, il va faire un séjour avec elle dans les Hautes Alpes, à Saint Bonnet-en-Champsaur, ils vont y rester trois mois, le temps qu’elle se remette d’une maladie de poitrine due au froid et surtout au manque de nourriture qu’ils avaient subis à Manosque. Fin novembre 1942, il doit partir pour les chantiers de jeunesse qui ont remplacé le service militaire, interdit par l’occupant. Comme il passe par Toulon, il voit les restes de la flotte française qui vient de se saborder. Il est ensuite transféré, par mesure disciplinaire, au camp de Mérindol. Thyde va s’installer à Lourmarin où il va la rejoindre chaque dimanche. On le retrouve à vingt ans à Carro-La Couronne sur le tournage d’un film qui a pour vedette : Fernandel (la critique dira que c’est son plus mauvais film). Ce film mis en scène par Jean Boyer est « La Bonne Etoile ». Il était là car Thyde en était la dialoguiste. Il va fêter son anniversaire. Il dira dans « Un Monstre Sacré » ; « Tout le monde en a l’air heureux ! Même Fernandel qui me tendra une large main et condescendra à un mot de congratulation. » Mais à cette époque, le gouvernement de Vichy et les Allemands guettent les jeunes gens ; pour échapper au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire), il va se cacher,  accompagné de Thyde, en Isère, à St. Pierre d’Allevard. Il va y rester de juin 1943  à octobre 1944. D’après ce qu’il a écrit dans « Un Monstre Sacré », il connut alors « le moment le plus paisible de sa vie. »  Dans ce village, il va écrire son premier roman qui sera publié : « L’Aube Insolite » qui parle de résistance dans une petite ville française. Ce livre sera publié en 1945 par Julliard, qui est l’éditeur de Thyde, ne l’oublions pas, certaines personnes diront, d’ailleurs, que ce serait sur ses instances. Il sera vendu à 10.000 exemplaires, ne connaissant qu’un succès d’estime. En le relisant, il va être très déçu de ce qu’il a écrit. Trois autres livres vont suivre qui passeront totalement inaperçus. La même année, il va aller à Paris, avec Thyde qui va l’introduire dans un milieu intellectuel qui va l’enthousiasmer. Après « L’Aube Insolite », il pense qu’il n’a plus rien à dire alors que Julliard lui propose de l’argent pour continuer d’écrire. Un des avantages inattendu de la publication de ce livre est de lui valoir tout un tas d’aventures féminines comme il le dit dans « Un Monstre Sacré » « J’ai la chance de plaire aux femmes par l’écriture et celle-ci viendra au secours de mon physique quelconque pour me faire aimer d’elles. » Ce qui montre bien que Thyde Monnier malgré sa jalousie maladive fut une femme constamment trompée. Il dut procéder lui-même à un avortement d’une de ses maitresses dont le mari ne pouvait assumer la paternité d’un bébé (mais ce fut en 1951, après sa rupture avec elle) « Un Monstre Sacré »).
En 1947, il  va la suivre en Suisse, de ce voyage il n’aura qu’un souvenir : la pluie. Mais il a rencontré André Gide à la gare de Lausanne comme je l’ai dit plus haut. Ensuite, ils iront à Nice, la Basse Provence le laissera insensible, la « Riviera », pour lui est un lieu insipide. Pourtant, il y rencontrera Charles Vanel qui devait tourner un film inspiré d’une œuvre de Thyde.
Il va la quitter en février 1950. Pourquoi elle, malgré la différence d’âge énorme ? Outre ses relations dans le monde intellectuel de l’époque, dans le monde de l’édition, elle avait l’immense avantage de ne plus pouvoir avoir d’enfant. Lui n’en a jamais voulu, il ne se sentait pas la force de « diriger » quelqu’un.
--- Pierre Magnan, jeune.

Il va partir de Manosque en 1951et  n’y reviendra que 25 ans après. Pour vivre, il va entrer dans une maison de transport frigorifique : la S.T.E.F. (Société française de Transport et Entrepôts Frigorifiques), société qui travaillait en étroite collaboration avec la S.N.C.F. Il y restera 27 ans, il en sera licencié, à sa demande personnel, pour raisons économiques. Pendant le temps où il y est resté, il n’a rien publié, il a écrit quatre romans qui sont restés à l’état de manuscrit et dont il ne se souvient plus de l’intrigue. Il habitait un appartement près d’Evreux, à Boncourt et tous les jours, il prenait le train pour se rendre à la capitale sur son lieu de travail. C’est pendant ces trajets que naquit le personnage du commissaire Laviolette. Il va enfin connaitre le succès littéraire à 56 ans avec un roman policier « Le Sang des Atrides » qui aura le prix du Quai des Orfèvres en 1978, ce sera la première apparition de celui qui sera le héros de tous ses romans policiers, celui que je viens de nommer : le commissaire Laviolette. Ce livre a été tiré à 100.000 exemplaires qui ont été vendus en huit mois, il a été la plus importante publication pour ce prix. Puis les livres policiers qui vont suivre vont se vendre de moins en moins. Fayard, qui a été son éditeur pour « Le Sang des Atrides » va refuser son plus célèbre roman : « La Maison Assassinée » (Futur Prix R.T.L.- Grand Public). Trois autres éditeurs vont avoir la même attitude. Enfin, il atterri entre les mains de la maison Denoêl qui va en faire le succès que l’on connait. Une première édition sera  tirée et vendue entièrement, elle comportait 150.000 exemplaires.  Au total, il fut imprimé et vendu 500.000 ouvrages. En 1988, Georges Lautner porta ce roman à l’écran. P. Magnan dit que toute la substance de l’ouvrage en avait été retirée pour en faire : « un bon film commercial…Je pense qu’aucun des acteurs n’avaient lu le livre. » (« Pour saluer Magnan » entretien avec Flore Naudin et Pierre Chavagné. Patrick Bruel, dans le rôle principal, faisait trop fragile pour incarner Séraphin Monge tel que l’a dépeint Magnan.
Connaissant alors un certain succès, il fut invité à « Apostrophes », l’émission de B. Pivot,  qui lui laissa un gout amer, il y fut méprisé, écrasé, même par le présentateur.
Manosque étant  devenu une trop grande ville pour lui, il alla habiter un pigeonnier (durant 30 ans, 3 pièces sur 3 étages) au Revest Saint Martin, l’habitation était tellement étroite qu’il ne put conserver que 25 « pléiades », lorsqu'il le vendit , il exigea de son futur acheteur de "s'engager à nourrir l'hiver les quelques 60 à 100 passereaux qui réclament leur pitance." (cité dans un article de Gérard Allibert). C’est aussi dans ce village qu’il voulut être enterré. Avant de décéder, il habita quelques temps un appartement à Forcalquier. Dans sa chambre, il y avait un tableau de Serge Fioro qui fut cousin et ami de Jean Giono, habitant de Montjustin.
Que reste-il encore à dire de lui ? Qu’une des passions de sa vie fut le château de Sauvan, près de Mane. Ses jardins servirent aux extérieurs  du film « La Maison Assassinée » ; sous le nom de Gaussan, il fut un décor pour plusieurs de ses livres (« La Folie Forcalquier » « Chronique d’un château hanté »), il écrivit même une plaquette descriptive en collaboration avec l’historien Pierre Rollet. Il a écrit des cahiers de jeunesse allant des années 1941 à 1944. Il avait un caractère difficile, c’était un solitaire, pour définir sa misogynie, il a écrit dans « Pour Saluer Giono » « J’ai envi de les (les groupes de gens) voir vivre, de les entendre, de rester en dehors d’eux mais autour d’eux ». Son écriture est très ciselée, très sculptée, très élaborée, il emploie un vocabulaire très recherché peut-être parce que les mots font appel au langage provençal françisé. Toujours est-il qu'elle est un témoignage de la culture de la Haute Provence qu'il a tant chéri..
Il décéda à 89 ans, le 28 avril 2012, à Voiron (Isère). Au moment de sa mort, il voulait encore écrire trois livres mais pas de romans, un sur la vie de Giono à travers les lettres qu’il a écrites à sa maîtresse : Blanche Meyer, un autre où il évoquait sa vie littéraire et le dernier qui racontait la vie de son père.
En guise de conclusion, on est en droit de se demander si sa vie littéraire n’aurait pas été totalement autre si elle n’avait pas croisé celle de Jean Giono et de Thyde Monnier ?

  --- sa sigature                                                                                                             

                                                         

Petite bibliographie : Ses mémoires :
- « L’amant de Poivre d’Âne »
- « L’Apprenti »
- « Un Monstre sacré »
- « Pour saluer Giono » Pierre Magnan
- « Pour saluer Magnan » Livre-entretien de Flore Naudin et Pierre Chavagné

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