Pierrevert :
C’est un village qui est à 430 mètres au dessus du niveau de la mer. Il est juché sur une montagne allant de Volx à Sainte Tulle. Il est arrosé par quatre petits cours d’eau. Il se trouve dans le parc national du Luberon. Son nom latin est Petra Viridis d’où le nom de Pierrevert puisque viridis évoque la couleur « verte» en latin. Cette dénomination, mettant une couleur dans son nom, lui vient de la présence de broussailles, de mousses, de lierres et de toute sorte de végétales sur le rocher sur lequel il a été construit (explication donnée par l’abbé Féraud dans son livre « Histoire, Géographie et Statistique du Département des Basses Alpes ». A l’époque romaine, vers 300 après J.C., le territoire faisait partie de la Viennoise, province de la Narbonnaise, puis, lorsqu’elle fut partagée en deux, il fut inclus dans la Narbonnaise seconde qui avait Aix comme capitale.
Il ne reste aucune trace archéologique qui puisse faire penser que le bourg et ses environs fussent occupés à l’époque celtique.
La première citation qu’on trouve de lui date de 1114 où le bourg est nommé dans un cartulaire de l’abbaye St. Victor de Marseille qui y possédait une chapelle. Puis on ne remarque une nouvelle mention qu’en 1168 qui indique qu’il y avait deux châteaux ; ensuite les documents écrits établissant l’histoire ne remontent pas plus haut que le 16°s. Le Moyen âge a connu différents seigneurs : les comtes de Forcalquier puis les terres sont passées dans la possession des familles de Mévouillan, de Villemus, d’Allamanon, d’Anduse, d’Oraison etc. A cette époque, le village communiquait avec Manosque par deux routes, la première ou chemin royal allait de Pertuis à Manosque, le deuxième passait en dessous de Toutes Aures et allait au ruisseau des Coureloux pour y remonter ensuite, un chemin permettant d’aller au bourg se trouvait au quartier St. Joseph. Puisqu’on cite ce nom, il faut rappeler qu’un portail ainsi nommer existe encore de nos jours qu’il a aussi comme nom : la porte de Manosque et qu’il permettait l’entrée dans Pierrevert, entouré de ses remparts détruit en 1701 par un tremblement de terre.
L’entretien de ces routes et de ces chemins était du ressort de la viguerie d’Apt jusqu’à la Révolution. Mais ce n’était que théorique, devant l’inertie des gens d’Apt, la municipalité de Pierrevert dut prendre à sa charge de nombreux travaux d’entretien. Peut-être que ces routes virent les bandes de Raymond de Turenne qui en 1390 détruisirent le village ? A cette époque comme pour les suivantes , le territoire de la commune était composé de co-seigneuries ou d’arrières fiefs : Beauchamp dont le château était sur la route de Manosque à Pertuis, Carbonel, Chateauneuf aux quartiers de Régusse, Sainte Marguerite à environ 10 km de Manosque en direction de Pertuis et enfin Valgast. Pour continuer l’histoire du village, il faut remarquer que le régime de la Terreur durant la Révolution, ne fit aucune victime, le sang ne fut versé à aucun moment. En matière de religion, par contre, le poids des nouvelles idées se fit sentir. L’église fut complètement vidée de ses meubles et tableaux et devint « un temple de la raison » puis fut vendue pour une somme dérisoire. La chapelle St. Patrice connut le même sort. Devant ce méprit de la religion, le curé qui, dans un premier temps, avait prêté le serment à la Constitution, se rétracta. La Révolution amena aussi une nouvelle division de la France, c’est ainsi que Pierrevert, Monfuron et Corbières se trouvèrent dans un canton qui avait Ste Tulle pour chef-lieu.
Pour en revenir à la religion et malgré ce que l’on a pu apercevoir à la Révolution ce qui n’était le fait que d’un nombre de personnes infinitésimal, il faut remarquer qu’elle eut une énorme importance dans les siècles passés et que la majorité des fidèles était regroupée en confréries. Il y avait celle du « corpus dei », celle de « St.Roch », celle de « St. Sébastien » et celle des « pénitents blancs ». Pour administrer toutes ces ouailles, il y avait un curé qui ne devint permanent qu’en 1613, auparavant les services religieux étaient à la charge d’un prêtre nommé pour un an par un prieur qui se trouvait à Tarascon ou en Arles. Ce village, très religieux comme il a déjà été dit, est sous le patronage de St. Patrice (Patrick), il se devait donc d’honorer son saint patron, ce qui est fait par l’intermédiaire d’une chapelle qui se trouve au Sud du bourg à environ 1 km sur la route allant Ste. Tulle. Elle est de style roman tardif et daterait du XIV ° siècle d’après l’ancien archiviste en chef du département : Raymond Collier, elle a la particularité d’avoir l’arc du porche en pierres de Mane, on peut remarquer une grande différence entre la date de sa construction et le nom qui lui a été donné puisque le miracle imputé à Patrice ne date que de 1631. Elle est le but d’un pèlerinage annuel, le jour de la fête du Saint. Cette fête était annoncée par des tambours huit jours à l’avance. Ce saint irlandais est devenu celui à qui s’est voué le village grâce à une légende qui narre sa rencontre avec un berger nommé Patrice. Ce dernier, très versé dans l’art de soigner par les plantes, avait été envoyé à Ste Tulle pour y apporter sa manière de guérir aux habitants atteint par la peste (celle de 1629). Devant l’ampleur de la tache, il implora son Saint Patron, lui demandant son aide. Le Saint irlandais l’entendit et lui apparu à un croisement de chemins, il lui remit une gourde aux formes imposantes qui contenait un liquide, fait à base d’herbes, guérissant de la peste. C’est ainsi que les malades de Ste Tulle guérirent et que Pierrevert fut épargné.
Pour continuer avec les édifices religieux, il convient de citer le prieuré de Ste Marie du Bosquet, aujourd’hui disparu, détruit par la Révolution, il se tenait au quartier de la Done et aurait appartenu à l’abbaye St Victor de Marseille. On peut encore voir de nos jours la chapelle Ste Marguerite près de la route menant à Pertuis, à proximité du domaine de Régusse qui était un prieuré dépendant de St André de Villeneuve. On comptait huit chapelles sur le territoire de la commune à la fin de l’ancien régime (mais on n’en voit que 5 sur la carte de Cassini) très peu existe encore aujourd’hui, d’autres ont seulement laissé une trace, telle la chapelle St Jean Baptiste qui, de nos jours, ne présente plus à nos yeux qu’une croix au nord-ouest du village. Pour terminer, il convient de parler de l’église paroissiale vouée à St Pierre, son portail du XVI° siècle proviendrait d’une église ayant existé sur l’emplacement de l’oratoire St Jean Baptiste (Raymond Collier « La Haute Provence Monumentale et Artistique »). La partie inférieure de sa nef remonterait au XIII° siècle (source : ibidem), plus tard, devant l’augmentation de la population, fut construite la nef principale (nef de la vierge), les différentes restaurations en ont fait une construction que l’on pourrait qualifier de bizarre, alliant tous les styles.
Historiquement parlant que dire de plus ? sinon qu’au XVII° siècle, le bourg possédait un hôpital, annexe de celui de Manosque. Une mine de lignite fut ouverte et exploitée dans les années 1840, son exploitation cessa vers1922. Toute la région était parsemée de points d’extraction, une veine principale et des veines secondaires parcouraient le sud du département (voir sur celle de Manosque, un article qui lui est consacré ; ICI) Il en reste, aujourd’hui, les traces à Manosque, un musée de la mine à Volx, des marques au lieu dit « le bois d’Asson » du coté de Dauphin.
Le choléra qui sévit en Provence en 1854 fit 9 victimes à Pierrevert.
Après le coup d’Etat de 1851 de Louis Napoléon Bonaparte, 15 habitants du lieu furent déportés en Algérie.
Le Manosquin Elimir Bourges y fit de nombreux séjours, son oncle étant curé de la paroisse de nombreuses années.
Sa population qui n’était que de 350 habitants en 1470 va connaitre un pic en 1841 avec le chiffre de 905 pour retomber à 522 pour l’année 1921, aujourd’hui elle est de 3800.
La commune produit beaucoup d’olives, d’amandes et surtout beaucoup de cerises ce qui a valu à ses habitants le surnom de « manjo grafien » (mangeurs de cerises).
C’est surtout un village qui est connu, dans le milieu viticole, pour être la plus petite « appellation contrôlée » (A.O.C) de France avec Palette dans les Bouches du Rhône. Son vignoble a une superficie de 450 hectares. Son territoire produit un vin qui est consommé en dehors des frontières départementales. Il regroupe les vignerons de 11 communes dont Quinson, Villeneuve et bien sur Manosque. C’est ainsi que l’année 1925 vit la naissance d’une cave coopérative qui se nomme « Petra Veridis » et dont la cuvée vedette rejoint l’histoire par le nom puisqu’il s’agit de la cuvée St Patrice. D’autres domaines participent à la magnificence de l’appellation mais chut …ils sont privés, ne faisons point de publicité.
Jean-Paul Audibert